Août 1944 : Marseille libérée !

En août 2024, seront fêtés les 80 ans de la Libération de la Provence. Retour sur une page d’Histoire importante de la cité phocéenne au sein de laquelle Notre-Dame-de-la-Garde a joué un rôle majeur. Depuis le 12 juillet jusqu’au mois de novembre, une exposition au musée de Notre Dame de la Garde, proposée par les peintres aux armées, revient sur cette libération de la Bonne Mère et de Marseille.
Alors que seront bientôt célébrés les 80 ans de la Libération de la Provence et de Marseille, il n’échappera pas au promeneur qui « monte à la Bonne Mère » que le vieux char Jeanne d’Arc fait actuellement l’objet d’une restauration afin de lui rendre l’allure guerrière de cet été 1944.
Après le débarquement de Provence, le 15 août 1944, l’armée française, reconstituée en Afrique du Nord, reçoit des alliés la mission de libérer les deux ports en eau profonde de Méditerranée. Objectif capital pour permettre d’approvisionner les troupes qui poursuivent leur remontée vers le nord. L’Armée B du général de Lattre met le cap sur Toulon puis Marseille ! Les combats sont acharnés, la progression fulgurante. Les objectifs sont emportés en un temps record. Les goumiers marocains du général Guillaume nettoient le nord puis le sud de la ville, tandis que les tirailleurs algériens du Général de Monsabert font leur entrée dans la ville le 23 août matin. Les 15000 Allemands reçoivent l’ordre de tenir « jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière cartouche ».
« tenir jusqu’au dernier homme »
Installés sur la colline de la Garde, ils ont transformé le site en une véritable place forte d’où ils contrôlent la ville. Le général de Monsabert veut reprendre le lieu sans endommager le sanctuaire. Si l’enchaînement de ces combats nous sont connus par les témoignages et les journaux de marche des opérations, on ignore souvent ce qu’il s’est passé à l’intérieur de la basilique. Ouvrons le XIIe volume du « Journal de la basilique » pour découvrir « l’histoire dans l’histoire » Même au cœur de la tourmente un chapelain avisé a poursuivi la rédaction méticuleuse du journal.
Tandis que les troupes alliées débarquent sur les plages du Var, le 15 août, l’Assomption est une « Triste fête. Les grilles du sanctuaire sont désormais fermées par ordre du général[Schaefer] d’armée d’occupation, cela n’était jamais arrivé, pas même pendant la grande révolution »(..)Les jours suivants, « les Allemands font sauter les installations portuaires, les bateaux sont coulés à l’entrée des passes et dans les bassins. De Notre-Dame on assiste à leur agonie. »
Monseigneur Delay, évêque de Marseille, monte chaque jour à la basilique. Inquiété par le durcissement des combats, il convoque Monseigneur Borel, ses chapelains et les religieuses franciscaines : ils sont résolus à de ne pas quitter les lieux. Il n’est plus question de sortir sur les terrasses « On entend le miaulement des obus. » Les Allemands leur conseillent de quitter les lieux pour ne pas risquer de périr effondrés sous les décombres du clocher « vous êtes pessimiste, commandant ! » lui fait remarquer Monseigneur persuadé de la protection de la Gardienne des lieux. Réfugiés à la crypte, prêtres et religieuses, chapelets à la main, veillent, prient, espèrent inlassablement.
Enfin le 25 août « des pas lourds se font entendre du côté de la sacristie. Moment d’émoi ! : « Monseigneur, mon rêve est réalisé, s’écrie le capitaine, Notre-Dame de la Garde est délivrée ! » c’était la 1re compagnie du 7e tirailleur algérien qui venait d’aboutir au sanctuaire en plusieurs colonnes parties de la résidence épiscopale »
Les jours suivants, l’ennemi, se sachant vaincu, s’acharne durement sur la basilique depuis les forts qu’il tient encore « Les trois couleurs flottent sur le clocher hélas le martyre de la Bonne Mère ne fait que commencer. »
« Nous défendons Notre-Dame de la Garde. Elle nous protège, clame un jeune soldat(…)
On s’attend à ce que d’un moment à l’autre le clocher s’affaisse. Nul ne pourra redire l’angoisse ressentie à ce moment : parmi les autres bruits et les détonations on prête l’oreille afin d’entendre la chute de la Vierge dorée qui paraît inévitable. Mais la Sainte Vierge est la tour d’ivoire inexpugnable. » Vaillamment, les soldats luttent, tandis que le général de Monsabert écrit à son homologue Allemand « Je pense que dans ces conditions vous voudrez bien en tirer les conséquences logiques pour le respect que l’on doit à une basilique vénérée du monde entier ».
Le 28 août l’ennemi accepte la reddition « À 17h, dans l’allégresse générale, le Bourdon est mis en branle et sonne l’angélus de la victoire. »
80 ans plus tard, les peintres aux armées ont décidé d’immortaliser l’événement : le musée de Notre-Dame de la Garde reçoit leurs œuvres mises en regard de photos, films d’archives et objets des collections de la basilique.
Odile Tertrais
Crédit photo: archives du Diocèse de Marseille, fonds Delay
Publié le 18 juillet 2024 dans A la une
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