Cardinal Coffy : l’héritage de l’unité

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Le 15 juillet 1995, le cardinal Robert Coffy rejoignait la maison du Père. Celui qui avait été archevêque de notre diocèse pendant 10 ans laisse un héritage spirituel immense et précieux, que ce trentième anniversaire de sa mort nous invite à redécouvrir.

La différence entre l’habitude et la tradition, c’est que la première étouffe l’amour alors que la seconde véhicule la grâce. Il est donc heureux que notre diocèse vive au rythme de nombreuses traditions, comme le sont les fêtes patronales de la période estivale qui s’ouvre, la consécration au Sacré-Cœur que nous venons de renouveler ou les processions et autres manifestations de piété populaire, de la Chandeleur au 15 août.

Notre Église de Marseille poursuit aussi son pèlerinage appuyé sur la grande Tradition de l’Église, si grande qu’on l’écrit avec un T majuscule. Il ne s’agit pas d’une pièce de musée un peu figée que l’on contemple avec la nostalgie d’un passé qu’on n’aurait pas su retenir, mais du souffle de vie par lequel Dieu a guidé son peuple au fil des siècles et continue de nous conduire pour répondre à notre mission hic et nunc.

En ce mois de juillet 2025, notre diocèse de Marseille fait mémoire du cardinal Robert Coffy, qui fut son archevêque de 1985 à 1995 et fut un serviteur de cette grande Tradition de l’Église. Le 15 juillet 1995, quelques mois après avoir remis sa charge en raison de la maladie qui gagnait du terrain, celui qui n’avait jamais renoncé, malgré le poids de ses responsabilités, à prendre des temps de vacances dans ses chères montagnes, partait se reposer pour toujours dans les bras du Père.

Impossible, évidemment, de résumer en quelques lignes, la densité de réflexion théologique qui fut la sienne, jamais séparée de l’engagement pastoral. Mais au moins l’évoquer, comme une invitation faite à toutes les générations, qu’on l’ait connu ou non, à se replonger dans l’héritage qu’il nous laisse : celui d’une fidélité sans faille à la Tradition de l’Église conjuguée à une ouverture sans crainte à la modernité, d’une passion pour la vérité toujours articulée avec le désir d’entrer en dialogue avec ceux qui ne professent pas la foi chrétienne, voire la combattent, pour mieux comprendre notre monde et lui annoncer l’Évangile.

Au fil de très nombreux ouvrages, articles ou éditoriaux, le cardinal Coffy approfondit et partagea sa vision de la prière, de la liturgie, du dialogue interreligieux, de l’évangélisation, de la participation des baptisés à la vie de l’Église ; il s’engagea aussi avec force dans des débats de société, qui résonnent de façon prophétique en ces temps que nous vivons, sur l’immigration, l’antisémitisme, le désarmement nucléaire ou l’enjeu de la paix. Avec, en fil rouge, le désir constant de servir la mission de l’« Église-sacrement », signe de salut au milieu des hommes, malgré ses pesanteurs, ses divisions et ses faux pas.

Dans l’homélie de la dernière messe chrismale qu’il présida en la cathédrale de La Major le 10 avril 1995, il laissa à ce sujet comme un testament, en écho à sa devise épiscopale « Sint unum » – « Qu’ils soient uns » : « Nous sommes l’Église de Marseille, unie à l’Église universelle. Dans nos diversités, nous vivons une communion profonde qui est un don de Dieu, et qui est aussi une œuvre à accomplir afin que le monde croie. Certes, il est normal que des questions soient posées entre nous, que des contestations surgissent dans nos communautés, mais, reprenant ce que saint Paul disait aux Corinthiens : “Je vous exhorte, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ : soyez tous d’accord et qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous ; soyez bien unis dans un même esprit et une même pensée” (1 Co 1, 10). Vivez en Église, fidèles à l’Église qui est le peuple de Dieu, corps du Christ, temple de l’Esprit saint, et vous connaîtrez la joie de la communion. » Comment ne pas entendre résonner, en écho, la devise du pape Léon XIV, “In illo uno unum” — “En Celui qui est Un, nous sommes Un”.

« Il creusait un raisonnement comme il creusait le bois, avec méthode et patience » (Cardinal Panafieu)

Robert Coffy était fils de menuisier. « En hiver, racontait-il à propos de son enfance, je passais une partie de mes journées dans l’atelier de mon père et là, je travaillais le bois. Je plantais des clous, en frappant plus souvent sur mes doigts que sur les clous. Et, comme le bois sentait bon, j’avais toujours pensé que je serais menuisier. » Il ne devint pas menuisier au sens où il l’entendait, mais cultiva toujours le goût du silence, le besoin de solitude, la rigueur dans le travail et pratiqua le travail du bois, notamment l’olivier, dont il avait découvert la beauté en arrivant en Provence, jusqu’à la fin de sa vie.

Avait-il lui-même sculpté sa propre crosse d’évêque ? Quelques jours après sa mort, Marie-Thérèse, la cousine de Robert Coffy, était venue trouver le père Jean-Marc Aveline, qui avait été son proche collaborateur : « Je sais que c’est à vous qu’il faut que je la donne. » Elle parlait de la crosse du cardinal, entièrement sculptée dans du bois. Cette crosse, le père Aveline la conserva, sans jamais ouvrir le paquet jusqu’à ce jour de décembre 2013, où il apprit que le pape François le nommait évêque auxiliaire de Marseille. Et c’est cette même crosse qu’il reçut lors de son ordination épiscopale le 26 janvier 2014, mais qui, secrètement, lui avait déjà été donnée bien des années plus tôt, comme pour signifier un passage de relais qui s’annonçait sans qu’il ne puisse alors le comprendre.

C’est donc sur cette crosse de bois que s’appuie aujourd’hui encore l’archevêque de Marseille, comme le bâton du pasteur qui guide ses brebis, marche avec elles, les encourage à avancer et veille à l’unité du troupeau, à la suite de Pierre et Paul, que, malgré leurs divergences, l’Église a toujours fêtés ensemble en réponse à la prière du Christ : « Qu’ils soient uns. » Dans l’action de grâce pour la vie et l’héritage du cardinal Robert Coffy, dans les textes duquel nous pouvons prendre le temps de nous replonger cet été, et dans la joie de cette unité en espérance, au cœur de l’Église et du monde, notre famille diocésaine se retrouvera le dimanche 7 septembre, à 16 heures, à la cathédrale de La Major pour la messe de rentrée. Un signe d’unité du petit troupeau que nous formons, autour de notre pasteur et de sa crosse de bois.

Publié le 11 juillet 2025 dans

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