Consoler et laisser entrevoir l’espérance

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Amaury Villemain est le nouveau directeur du Service catholique des funérailles (SCF) de Marseille. A l’occasion de la Toussaint et du temps d’hommage et de prière pour les défunts tout au long du mois de novembre, rencontre avec ce Marseillais qui, après six ans passés à Lyon est heureux de retrouver sa ville de naissance et d’exercer un métier rempli de sens.

Vous êtes le nouveau directeur du Service catholique des funérailles à Marseille : qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la direction de cette entreprise particulière ?

J’attribue cette prise de poste à la Providence ! J’ai travaillé pendant six ans à Lyon dans une entreprise de levée de fonds et ce travail m’allait bien. Mais je suis Marseillais et souhaitais revenir dans ma ville. En cherchant du travail, ma femme est tombée la première sur cette offre d’emploi au sein du Service catholique des funérailles. Elle m’a demandé mon avis, mais je la trouvais un peu trop émotive pour ce travail, notamment pour les obsèques qui concernent des adolescents ou des enfants. Elle en est convenue et nous sommes passés à autre chose. Puis le temps passant, je réfléchissais et, en étudiant la fiche de ce poste, plusieurs éléments de cette mission trouvaient une résonnance particulière en moi. Cela faisait longtemps que je cherchais à faire un métier qui existait déjà au Moyen-Age, en d’autres termes, un métier constitutif d’une cité qui apporte une vraie « valeur ajoutée » et une utilité pour les habitants de cette cité. C’est vrai que j’ignorais à peu près tout de ce sujet de la mort et du deuil, mais en me renseignant, j’ai réalisé que ce métier me correspondait parfaitement. En tant que catholique pratiquant, je suis heureux de pouvoir témoigner de l’espérance dans mon travail quotidien auprès des familles et des proches des défunts. Après quatre mois dans cette mission, je me sens bien à ma place que ce soit sur le plan de la direction, de l’organisation des évènements et des convois et bien sûr dans l’accompagnement des familles.

Travailler dans le monde du deuil n’a jamais représenté un frein pour vous ?

Au début, on se pose un peu la question mais les appréhensions se dissipent rapidement. En effet, les personnes, qui viennent à nous, ose parler de la mort, vu qu’elles y sont confrontées. Ainsi, le deuil, la mort, sujet occulte devient omni présent et peu à peu je prends conscience de son impact et de la nécessité de prendre le sujet à bras le corps et de soigner ces familles qui dans un moment de grande turbulence. Pour ce faire, nous essayons de les accompagner avec la plus grande douceur possible, dans le choix des mots qu’on utilise, de l’atmosphère que l’on créé quand ils viennent à nous. Que tout soit le plus doux et le plus paisible possible ! Donc soulager au mieux la peine des familles endeuillées par une grande écoute et disponibilité n’est plus un frein mais un devoir. La foi nous aide dans ce travail quotidien et je crois que je serais incapable d’exercer ces mêmes fonctions dans un autre service de pompes funèbres. Dans les trois grandes étapes des funérailles, « l’adieu au visage », la cérémonie religieuse et l’inhumation, nous pouvons et proposons de de prier avec la famille, cette prière pose des mots, afin de soutenir, de consoler et de laisser entrevoir l’espérance.

Comment la dimension catholique se vit-elle dans votre travail ?

Cette dimension se vit à la fois sur le plan interne et externe. En interne d’abord, puisque notre structure a un format coopératif qui mélange salariés et bénévoles. Ces derniers nous invitent à la prière chaque matin. C’est un peu une particularité du Service catholique des funérailles. C’est très beau car nous confions notre travail, nos joies, nos peines et bien sûr les familles rencontrées chaque semaine. Cela contribue à créer un bel équilibre de travail dans lequel nous pouvons échanger sur ce qui nous anime intérieurement tout en restant professionnel. J’insiste sur ce point car nous vivons parfois des moments complexes avec des convois difficiles et la prière nous permet de confier difficultés pour éviter de les ramener à la maison et d’impacter l’entourage. Sur le plan externe, cette fois, la dimension catholique se vit tout au long de l’accompagnement du deuil que nous mettons en place, en récitant un psaume lors de l’adieu au visage, quand la famille peut déposer des intentions de prière pour le défunt, par le rituel de la lumière lors de la célébration. Nous essayons d’accompagner au mieux par la douceur et les prières. D’ailleurs lors de l’inhumation, au moment où la porte se referme, l’église nous propose cette phrase : « dans l’espérance de la résurrection, que notre frère ou notre sœur repose en paix, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Cette phrase est une consolation, un soutien, un Credo. Si nous ne pouvions rien dire à ce moment-là, le poids du silence serait bien plus lourd à porter.

Quels sont les accompagnements particuliers que vous proposez aux familles ?

Nous avons à cœur qu’une seule et même personne accompagne la famille du rendez-vous de préparation aux obsèques. Ainsi un lien de confiance ce crée. La famille peut s’appuyer sur une personne en particulier qui l’aide à traverser cette épreuve. Concernant le parcours des obsèques, nous avons ce parcours en trois temps, cléde voute de notre accompagnement.

Au moment où nous envoyons « la facture », j’ai vraiment à cœur que les familles ne repartent pas simplement en fermant la porte et puis, plus rien ! Non, nous leur parlons des « matins de l’espérance » (cf. encadré) qui ont lieu un samedi par mois à Notre-Dame-de-la-Garde, des messes célébrées pour nos défunts. Ces moments de rencontre et de partage sont particulièrement importants car rien de mieux pour comprendre une personne en deuil qu’une autre personne en deuil. En plus, nous sommes à Marseille et Notre-Dame-de-la-Garde c’est notre Bonne Mère à tous ! Nous travaillons en lien avec Laure Leslé, accompagnante professionnelle au deuil. Nous la mettons en lien avec les familles qui le souhaitent car son accompagnement peut aider à débloquer une situation trop douloureuse. Son parcours permet de mettre de mots sur les maux et ainsi d’avancer sur un chemin de deuil. En parallèle, chaque année, nous organisons une messe pour toutes les familles accompagnées au long de l’année écoulée. Elle se déroule souvent à la basilique du Sacré-Cœur et se prolonge par un apéritif et un temps de partage convivial.

Comment voyez-vous votre mission ?

J’ai vraiment à cœur de mieux connaître les prêtres du diocèse et de me rendre disponible pour savoir quels sont leurs besoins. Je souhaiterais également accompagner des familles qui se trouvent aux quatre coins du diocèse et pas seulement dans le centre-ville de Marseille. Sur un plan plus structurel, nous travaillons à proposer toujours des prix justes pour les familles car l’idée n’est pas de rentrer dans une surenchère commerciale : l’argent doit rester un serviteur. De manière plus large, j’aimerais beaucoup mettre en place au sein des différentes paroisses des parcours, des cycles de conférence pour aborder plus sereinement la mort, aujourd’hui totalement occultée de notre société. Je crois vraiment que nous avons tous besoin de nous réconcilier avec ce sujet car il fait partie de la vie. J’aime beaucoup ce texte du Père Sertillanges : « Par la mort, la famille ne se détruit pas, elle se transforme, une part d’elle va dans l’invisible. On croit que la mort est une absence quand elle est une présence secrète. On croit qu’elle crée une infinie distance alors qu’elle supprime la distance en ramenant à l’esprit ce qui était dans la chair ». Ces mots touchent beaucoup les personnes endeuillées car ils expriment le fait que la mort n’est pas une séparation. Mon objectif est de développer toujours plus la relation humaine, pour que les familles soient de mieux en mieux préparées à l’accompagner. Car accompagner la mort, c’est servir la vie !

Propos recueillis par Sophie Lecomte

Crédit SCF Marseille

À retrouver dans le numéro Novembre 2025

Publié le 04 novembre 2025 dans

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