Depuis 1700 ans, « Je crois en Dieu »

En plus d’être une année jubilaire, l’année 2025 marque le 1700ᵉ anniversaire du premier concile œcuménique, dit Concile de Nicée, du nom de cette cité antique qui correspond à l’actuelle Iznik en Turquie, où se tint l’assemblée d’évêques qui, en 325, définit la formulation du Credo tel que tous les chrétiens le récitent encore. Quel est l’apport de ce concile pour les chrétiens aujourd’hui ? Eclairage avec le père Xavier Manzano, vicaire général du diocèse.
Le 1700e anniversaire du Concile de Nicée est une occasion de méditer de nouveau ce que nos pères dans la foi nous ont transmis. Au cœur de cette année jubilaire, le Pape François nous y invite particulièrement : « Le Concile de Nicée est une pierre milliaire dans l’histoire de l’Église. Son anniversaire invite les chrétiens à s’unir dans la louange et l’action de grâce à la Sainte Trinité et en particulier à Jésus-Christ, le Fils de Dieu, « consubstantiel au Père », qui nous a révélé ce mystère d’amour »[1]. En effet, le concile de Nicée nous a donné les mots que nous reprenons chaque dimanche pour professer notre foi dans le Dieu-Trinité. Certes, il peut paraître un peu plus compliqué que le Symbole des Apôtres. Mais il témoigne d’une profonde méditation sur l’originalité, voire le scandale, de l’Évangile, c’est-à-dire de ce Dieu qui, dans le Christ, a choisi de se révéler à nous. En effet, alors que les plus anciens symboles sont nés avec la liturgie du Baptême pour permettre aux catéchumènes d’entrer dans la profession de foi de l’Église, le symbole de Nicée a été formulé au cœur d’une crise très grave, où la divinité du Christ et, du même coup, la réalité de l’Incarnation par amour pour nous, se voyaient niées. Il s’agissait d’offrir aux Chrétiens les chemins de la communion mais aussi la manière de ne pas diminuer l’extraordinaire nouvelle de l’Évangile : Dieu nous a aimés au point de devenir l’un d’entre nous et de mourir pour nous, dans le Christ Jésus ! Cela nous invite à bien méditer ce texte et à nous en nourrir.
Un symbole, une route
Un symbole de foi n’est pas une manière de tout dire. Comme son nom l’indique, le symbole renvoie à quelque chose de plus grand. Nos mots, nos expressions, nos concepts sont trop limités face au mystère de Dieu. Mais, pourtant, c’est par des termes, des images et des idées que Dieu nous a dit quelque chose de lui-même. Un symbole est donc comme un signal qui, dans l’Église dont nous avons reçu la foi, nous invite à chercher Dieu et à toujours mieux le connaître. Il suscite notre questionnement et stimule notre désir. Comme nous y invite saint Augustin, nous croyons pour comprendre[2]. Et, en comprenant toujours mieux, nous alimentons notre amour de Dieu. Le symbole de foi est notre route, offerte par la Tradition de l’Église.
Communion avec Dieu
C’est donc sur cette route que nous allons nous engager, en espérant que cela nous permettre de mieux découvrir notre Dieu, en répondant à sa Révélation. C’est bien ce que nous propose les premiers mots : « Je crois en Dieu ». C’est une expression sur laquelle nous passons rapidement et pourtant… De grands mystiques et de grands théologiens, notamment Henri de Lubac, remarquent que cette expression « croire en » ne s’applique, à proprement parler, qu’à Dieu, pour la bonne et simple raison qu’elle a été forgée tout exprès pour désigner l’acte de foi chrétien, réponse à l’offrande que Dieu fait de Lui-même. On unit en effet un verbe d’opinion, « croire », avec une construction, « en », propre aux verbes de déplacement. Autrement dit, on fait de la foi, qui saisit notre esprit, un mouvement, un déplacement, qui porte notre personne à l’intérieur de Dieu. Il ne s’agit pas simplement de croire qu’il y a un Dieu, ni même d’adhérer à de simples idées sur Lui. Il s’agit de goûter son mystère et de partager sa vie. En disant « Je crois en Dieu », nous reconnaissons que nous sommes invités par Dieu Lui-même à pénétrer l’intérieur de son mystère et, comme le dit le concile Vatican II, à « être rendus participants de la nature divine ». Voilà pourquoi les Pères appelaient volontiers la foi et sa pratique notre « divinisation ». En quelques mots, le concile de Nicée, à la suite de la Tradition précédente, nous dit déjà l’extraordinaire de notre acte de foi : une communion et un partage de vie entre Dieu et nous !
Xavier Manzano
[1] François, bulle d’indiction Spes non confundit (9.05.2024), n°17.
[2] Augustin, Sermo 43, 7, 9.
Crédit photo service des pèlerinages du diocèse de Marseille
À retrouver dans le numéro de mai 2025 de la revue Eglise à Marseille
Publié le 02 mai 2025
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