Futurs prêtres : de la vocation à la formation

Sept ans sont nécessaires pour former un prêtre, dont une première année de discernement. La formation s’articule autour des dimensions intellectuelles, humaines et spirituelles avec la prière pour socle. Dix jeunes hommes se forment actuellement pour le diocèse de Marseille. Rencontre avec le Père Olivier Salmeron, responsable des séminaristes.
Comment se déroule la formation des prêtres depuis le discernement jusqu’à l’ordination ?
Lorsqu’un jeune homme a le désir de devenir prêtre, il va rencontrer soit l’évêque soit le prêtre en charge des séminaristes. Cette première rencontre permet un pré-discernement pour celui qui souhaite prendre le temps de voir et comprendre la volonté de Dieu. Pour cela, il y a une première année avant d’entrer au séminaire qui s’appelle la « propédeutique ». C’est une année sans examen, sans notes mais davantage axée sur des temps de retraite et de réflexion pour bien discerner une vocation. C’est une année où peuvent se vivre des expériences de charité. Un temps privilégié pour vivre de belles expériences de prière. Un fois passée, on rentre dans la formation en elle-même. Elle se divise en deux cycles, un premier cycle de deux ans consacrés à la philosophie et un deuxième de trois ans consacrés à la théologie. Deux cycles qui se concluent par l’année diaconale au cours de laquelle le diacre est davantage présent en paroisse avec un ministère plus importants que lorsqu’il était séminariste. Il y a aussi des temps de formation au séminaire avec les autres diacres de la province. En tout, la formation d’un futur prêtre s’étale sur sept ans.
Comment s’articulent les différents volets de la formation ?
La dimension intellectuelle est très importante. Les candidats au séminaire viennent d’horizons variés, certains peuvent avoir des doctorats quand d’autres n’ont pas le bac. C’est très beau et le défi est d’arriver à articuler, pour tous, des matières comme l’histoire de la pensée religieuse, la naissance du christianisme, l’histoire de l’Église, la théologie, la philosophie métaphysique… Les petits effectifs permettent de s’adapter à chacun. Au cours de ces sept années, les séminaristes acquièrent des connaissances et une structure de pensée indispensables dans la vie d’un prêtre, qui sera formé tout sa vie par la suite. La vie spirituelle est majeure également et se met en place dès la propédeutique. Certains y découvrent la prière des heures, l’adoration et bien sûr l’eucharistie. Ils sont aussi encouragés à profiter des temps libres pour cultiver ce cœur-à-cœur avec Dieu. Dans notre vie de prêtre, la vie de prière est le tuteur qui nous maintient. Donc c’est important qu’à la sortie du séminaire, cette vie de prière soit intégrée de façon quotidienne. Lorsqu’on manque de temps, on peut avoir tendance à la faire passer au second plan, or elle doit être première car elle est notre appui permanent.
Quels sont les grands défis qui attendent la vie future d’un prêtre ?
Aujourd’hui, les choses bougent et des expériences sont tentés dans différents séminaires. A Paris par exemple, ont été créées des maisonnées dans des presbytères pour que les séminaristes vivent au plus proche des prêtres et de leur apostolat. À Nantes, des maisonnées sont organisées dans le séminaire même, les futurs prêtres sont invités à prendre des responsabilités dans une vie quotidienne à plusieurs. La réalité de l’internat, comme elle se pratique aujourd’hui dans la plupart des séminaires, ne convient pas à tout le monde. Des questions se posent également pour la formation. Mais quelles que soient les époques, le défi demeure de faire connaître et aimer le Christ, dans la société et l’époque dans lesquelles nous sommes. C’est invariable depuis le début de l’Église et il faut arriver à lire les signes des temps et voir comment l’Église peut s’adresser à notre société aujourd’hui. L’Eglise a un message à transmettre, c’est une certitude et aussi un grand défi. Cette année dans la paroisse du Sacré Cœur, nous avons accueilli près de 25 catéchumènes : comment accompagner ces hommes et ces femmes, qui ont soif d’une rencontre avec Dieu, et comment les intégrer dans nos paroisses et nos communautés, avec leurs profils si variés, musulmans convertis, personnes de culture chrétienne qui avaient abandonné toute pratique, personnes sans aucune culture chrétienne, de toutes les générations ! L’enjeu est de préparer nos prêtres de demain à accompagner le souffle de l’Esprit, qui souffle où il veut, comme il veut ! Une chose aussi me semble importante, celle d’encourager nos séminaristes à témoigner du Christ, de son pardon, de sa charité, et, pour cela, à avoir une vie cohérente avec l’Evangile. Nous sommes attendus sur cette dimension car on ne peut pas proclamer la foi si notre vie est un contre-témoignage.
Comment peut-on soutenir la formation des séminaristes ?
Il y a le soutien financier, bien sûr. Il permet de financer les cours, le logement, la nourriture, la sécurité sociale. Sans le soutien des donateurs, il serait difficile de continuer à former des jeunes hommes (cf. encadré). A cela s’ajoute bien sûr le soutien de la prière. C’est essentiel que des communautés et des familles prient pour les séminaristes actuels et futurs : priez pour que des vocations naissent dans vos familles ! J’insiste car c’est souvent la difficulté : on est d’accord pour qu’il y ait des vocations dans la famille du voisin mais pas dans sa propre famille ! La prière est particulièrement importante car elle qui permet à des jeunes hommes d’entendre cet appel du Christ. Elle est invisible mais elle soutient tout. Enfin, soyons heureux ! Nos communautés, qu’elles soient petites ou grandes, doivent rayonner de la joie qui vient du Christ, surtout face à la morosité ambiante. Si elles sont joyeuses, elles susciteront des vocations ! Et si nous, prêtres, sommes des prêtres joyeux, nous donnerons à d’autres l’audace de répondre à cet appel. Simone Weil affirme que le prêtre rayonne de l’extraordinaire de Dieu dans l’ordinaire de la vie de tous les jours. Même si le choix de devenir prêtre peut poser question, va à contre-courant, paraît un peu fou, il rend aussi pleinement heureux et c’est important de le proclamer.
Propos recueillis par Sophie Lecomte
Crédit photo: Diocèse de Marseille
Pour aider à la formation des séminaristes, vous pouvez faire un don ici!
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Publié le 04 septembre 2024 dans A la une
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