Groupe Raphaël : une main tendue aux jeunes migrants

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Un jour, à un feu rouge, un jeune afghan est venu me demander une pièce et, tout d’un coup, j’ai été bouleversée car j’ai vu mon fils à sa place et je l’ai imaginé, dans un pays inconnu, débarqué là après un périple aux multiples traumatismes, comprenant mal la langue et les codes du lieu.

Voilà comment Véronique a rejoint l’association rassemblée par Steves Babooram pour favoriser l’intégration de jeunes migrants isolés par un accompagnement de proximité bienveillant.

Une présence valorisante auprès des jeunes migrants

Raphaël s’occupe de jeunes déjà abrités dans des associations (mandatées par l’Aide Sociale à l’Enfance) , donc logés, intégrés dans un parcours éducatif, suivis par des éducateurs avec compétences et professionnalisme. Mais les éducateurs nous ont dit manquer de temps pour le suivi scolaire, les sorties ludiques ou culturelles, les discussions à bâtons rompus, la réponse rapide au message de mal-être… Les aides proposées pour pallier cela (par exemple les cours de français) existent à Marseille mais se déploient souvent à des horaires inaccessibles à ces jeunes qui ont de longues journées entre leurs cours et leurs apprentissages. Il s’agissait de « boucher les trous dans la raquette » en synergie avec les aides existantes sans les concurrencer.

Nous nous proposons juste de multiplier les signes d’une présence active et valorisante : initier les jeunes à la pétanque, jouer aux dames, aller se promener dans les calanques, prendre le temps d’écouter et de discuter, monter à Notre Dame de la Garde, consulter son réseau pour trouver un stage d’alternance, etc.

La demande la plus courante des jeunes quand l’accompagnement démarre est une aide aux devoirs et/ou un soutien dans l’apprentissage du français. Une grosse moitié des jeunes n’ont jamais été scolarisés dans leurs pays d’origine ; ils ont été initiés en quelques mois à la lecture, à l’écriture et au calcul à leur arrivée en France puis, leur majorité approchant, ils ont été inscrits dans des formations qualifiantes dans des métiers où l’offre d’embauche n’est pas satisfaite. Mais le niveau de ces formations est celui d’un élève sortant du collège avec tous les acquis que cela représente!

Être des tuteurs de résilience en toute humilité

En association de relecture des pratiques, Magali, un peu désemparée par la lenteur des progrès en français d’Aliu, pourtant très motivé dit: « Il y a un gouffre entre le niveau qu’ils ont et celui qui leur serait nécessaire pour suivre leurs cours ». La psychologue présente nous a alors rappelé : « Le cerveau encode toute réussite même minime dans n’importe quel domaine et l’appliquera dans tous les domaines » et nous encourageait : « Même si les progrès scolaires des jeunes sont infimes, vous pouvez être des tuteurs de résilience pour les jeunes en développant chez eux la confiance en soi, la confiance en l’autre et la capacité à être en lien ». Alors nous nous fixons d’humbles buts : assurer une présence régulière et bienveillante, valoriser le moindre petit progrès, écouter avec patience sans juger ni poser de questions intrusives, admirer la capacité à se concentrer quand tant de soucis encombrent le cerveau, cultiver la conviction que chacun est capable d’apporter ses richesses à notre société et d’en prendre soin. Et nous avons recours à des méthodes mises en place par des professionnels de l’apprentissage des langues aux primo-arrivants (pour lesquelles nous nous formons), en nous souvenant que nous ne sommes pas les dits professionnels et en essayant d’échapper à la tentation d’obtenir des résultats quantifiables.

Moisson de joies

Les difficultés ne manquent pas mais tous ceux et celles qui ont expérimenté ces accompagnements en témoignent : ils y ont récolté beaucoup de joie. « Une belle et concrète application du service qui a déplacé notre Gabriel. Tous, nous avons bénéficié de sa joie au retour » dit une mère de scout après une journée de rencontre entre scouts et migrants où soutien scolaire, pique-nique, jeux et djembé endiablé s’étaient enchaînés en multipliant « les sourires jusqu’aux oreilles ». Les jeunes accompagnés témoignent des bienfaits des moments simples partagés : « Pendant l’heure et demie que je passe à travailler avec Florence, j’oublie mes soucis » dit Ismaïl. « Tu es la seule à qui je fais plaisir en annonçant ma réussite au CAP » dit Djibril. « Lionel m’a emmené en vacances, il m’a fait balader dans les calanques, il est venu avec moi rencontrer mon professeur principal. Je sais que je compte pour lui » dit Mohamed. Et Seydou, lui, habitué à avoir cours le samedi matin en duo, s’émerveille de ce que la fille de la maison ait pris le temps de lui expliquer les équations du second degré sur la table de la cuisine pendant que sa mère aidait Hassan pour le code de la route.

Une mission en équipe

Il a fallu du temps pour que les associations qui prennent en charge les MNA avec mandat du département nous fassent confiance. Aujourd’hui il y a plus d’une trentaine de jeunes accompagnés qui peuvent compter sur la présence d’un accompagnant au moins une fois par semaine. Tous les accompagnants forment une équipe avec deux animateurs dédiés qui ont le souci d’être à leur écoute, de mettre en place des formations, de leur proposer des associations de relecture des pratiques où partager joies et difficultés.

Certains membres de l’association Raphaël recensent et proposent des activités ludiques et culturelles, en lien avec d’autres associations comme JRS, ATD Quart Monde ou le Secours Catholique. Ont été ainsi proposées la visite du stade vélodrome, une soirée poésie sur le thème de la liberté, des séances jeux de société, des grandes balades dans les calanques (avec, par exemple, mini initiation à l’escalade ou déjeuner animé par la présentation de son héros préféré) etc.

D’autres animateurs avec des bénévoles référents essaient de faciliter la recherche de stages ou d’emplois. D’autres encore veillent aux soucis matériels de salles, de clés, de documents à mettre à disposition. Nous agissons en relation avec de nombreuses institutions : certains d’entre nous ont la mission d’établir et de faire vivre ces liens pour partager moyens, difficultés et joies.

Accompagner un jeune migrant, cela vous dit? Vous mettre au service de ceux qui accompagnent, cela vous démange? N’hésitez pas à prendre contact avec nous: nous sommes impatients de vous rencontrer.

En savoir plus

Contact : association.raphael.mrs@gmail.com

Site : https://www.association-raphael.org

 

NB : tous les noms de personnes qui ne sont pas des animateurs du association Raphaël ont été changés

 

 

Publié le 09 mars 2022

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