Réouverture de l’église Saint-Joseph

église saint joseph

À Marseille, l’Église s’est toujours efforcée de vivre la dynamique de la mission, et c’est cela qui avait conduit à la construction de cette superbe église dédiée à saint Joseph dans la première moitié du XIXe siècle.

Il faut se souvenir qu’au moment de la Révolution de 1789, la ville de Marseille comptait seulement cinq paroisses (la Cathédrale, Saint-Martin, qui fut détruite par le percement de la rue impériale, Notre-Dame des Accoules, Saint-Laurent et Saint-Ferréol, située alors dans l’actuel quartier de la Préfecture). Il fallait bien sûr ajouter Notre-Dame de la Garde, l’église abbatiale de Saint-Victor et les églises de nombreux couvents de religieux et de religieuses, ainsi qu’une église ancienne assez vénérée, Saint-Étienne du Plan, qui deviendra plus tard Notre-Dame du Mont. Marseille était déjà très cosmopolite puisque l’Almanach de 1781 signale qu’à la chapelle Sainte Barbe, « on prêche tous les dimanches en arabe ou en maltais, pour les étrangers de ces nations ». La décision de la création de la paroisse Saint-Joseph, dans le quartier Paradis, date du 14 août 1831. Les travaux commencèrent en 1833 et l’on put y célébrer à partir de février 1836.

Pendant ces cinq années de travaux, la future communauté de Saint-Joseph fut accueillie par les membres de la colonie syrienne présente à Marseille, qui célébraient depuis 1821 dans l’église Saint Nicolas de Myre, située à la rue Montaux, à laquelle Edmond Rostand, qui était né au n°14, donnera plus tard son nom. Mgr Fortuné de Mazenod et Mgr Mazloum, alors archevêque de Myre et plus tard Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, avaient aménagé l’utilisation partagée de cette belle église. Symbole d’hospitalité entre chrétiens d’Orient et d’Occident, Saint-Nicolas-de-Myre abrita les cérémonies des deux rites, et devant le même tabernacle, tous enfants du même Père, on pria en latin, en grec, en arabe ou en français ! Si les besoins d’hospitalité ont cessé, je sais que l’on n’a pas perdu la mémoire de cette délicate générosité et que l’amitié a perduré. Je vous invite à l’entretenir, comme un signe qui parle mieux que de longs discours !

De même que je vous invite à entretenir l’amitié avec nos frères de confession juive, dont la Grande synagogue se trouve tout près d’ici, au numéro 117 de la rue Breteuil. La première pierre en fut posée le 15 juillet 1863 et elle fut inaugurée le 22 septembre 1864. Sur le territoire de la paroisse se trouvent également d’autres établissements très importants. Il y eut longtemps, au 47 boulevard Paul Peytral, le bureau de la Presse Catholique, qui devint ensuite le siège de la librairie religieuse du Centurion. Évidemment, il y a la Préfecture, qui, à la demande de Mme la Marquise de Kératry, fut bénite par M. le curé de Saint-Joseph le 21 avril 1875. Plusieurs œuvres catholiques à caractère social avaient établi leur siège dans ce quartier, que ce soit pour les jeunes filles, pour les étudiants étrangers, pour les orphelins ou pour toutes les catégories sociales en difficulté. La charité, bien comprise, a toujours été l’une des caractéristiques de notre Église de Marseille, de Mgr Gault au Bienheureux Jean-Baptiste Fouque, et encore aujourd’hui, puisqu’ici même, sous l’impulsion du P. Buet, un petit centre d’accueil de jour a été mis en place, avec le concours actif de la Mairie, centrale et locale, que je remercie chaleureusement.

Les religieuses du Cénacle, les Filles de la Charité, le Patronage Salésien de l’Oratoire Saint-Léon, la Petite Œuvre de la rue des Princes (aujourd’hui rue Stanislas-Torrents) et bien d’autres institutions encore, firent de ce quartier un centre important de la vie de l’Église à Marseille, une pépinière pour l’engagement social de l’Église, à l’exemple de ces deux grandes figures que furent d’abord Madame Noilly-Prat, immense bienfaitrice de la paroisse et de nombreuses autres œuvres, dont la clinique Sainte-Élisabeth, une sainte avec laquelle Madame Prat partageait l’expérience d’être très tôt devenue veuve. Son dévouement lors du choléra de 1884 est resté dans les mémoires et son souci du soin des malades aidera votre nouveau curé, le P. Buet, qui est aussi médecin à Sainte-Élisabeth, à ne pas se sentir trop écartelé entre ses deux missions, qu’il accomplit déjà avec le grand dévouement qu’on lui connaît.

L’autre grande figure est le docteur Augustin Fabre, surnommé « le médecin des pauvres » qui avait son cabinet au numéro 40 de la rue Saint-Jacques, où, un jour par semaine, il soignait gratuitement. « Quand le malade se retire, lit-on dans la petite notice qui lui a été consacrée, il emporte, avec l’indication des remèdes, non seulement l’argent nécessaire pour les acheter, mais aussi de l’argent pour compenser la demi-journée qu’il a perdue en venant au cabinet. » C’est également lui qui avait institué, le 8 décembre 1872, le pèlerinage perpétuel et quotidien à Notre-Dame de la Garde !

Ici, à Saint-Joseph, se sont succédé d’illustres orateurs, comme le P. Lacordaire (le 10 janvier 1848), Mgr Dupanloup, le cardinal Lavigerie (le 26 avril 1885) ou le Révérend Père Eymieu, et surtout un futur saint, en la personne de Don Bosco, qui était venu pour la première fois à Marseille en 1877 et qui prêcha à Saint-Joseph au soir du 19 février 1882, sur « le pauvre Lazare et le mauvais riche ». On n’en finirait pas, chers amis, d’évoquer l’aventure de ce quartier et l’inventivité de la communauté chrétienne au service de tous les habitants, surtout des plus pauvres. Je rends hommage à l’effort consenti par toutes les collectivités territoriales pour que ces lieux de culte, emblématiques de notre ville et de son histoire, puissent continuer leur mission, dans le respect de la foi de ceux qui y célèbrent et dans le souci du service de toute la population.

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie », avait dit Jésus à ses disciples. Et il leur avait donné son souffle, l’Esprit Saint. Que ce même Esprit redonne à notre Église le souffle de la mission et que, soutenus par saint Joseph, cet homme juste, ce Juif pieux qui apprit à Jésus la beauté, la fragilité et la dignité de tout être humain, nous puissions apporter au monde la paix et la fraternité.

Amen !

 

+ Jean-Marc Aveline

Extrait de l’homélie du dimanche 28 mai 2023 en l’église Saint-Joseph

Publié le 02 juin 2023 dans ,

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