« La fraternité ne se construit pas sur la mort administrée »

fin de vie

Témoignage Timothée, médecin généraliste

Tout médecin à l’aube de son ministère, prononce un fameux serment hérité de la Grèce antique : le serment d’Hippocrate. Il promet ainsi de ne jamais provoquer la mort délibérément, il pose les fondations de son exercice médical et de toute société humaine en paix.

Tout médecin est confronté à la mort. A la mort de la personne dont il s’engage à prendre soin. Tout médecin se souvient de la douleur de la mort et des souffrances qui parfois l’accompagne. Cette douleur peut faire naître des pulsions de mort : l’envie que tout s’arrête. La relation de soin est asymétrique : le médecin possède un pouvoir lié à son savoir, et il peut en abuser jusqu’à provoquer délibérément la mort du malade. C’est pour cela que l’interdit de tuer existe.

Notre gouvernement souhaite ouvrir, aux personnes qui préfère mourir que dépendre d’un autre, le droit de mourir « dans la dignité ». Et cela au nom de la fraternité ! Être dépendant est donc indigne ? Notre dignité dépendrait-elle de notre capacité à se laver, se raser, se laver les dents ?  Et quelle liberté ? Dans Samaritanus Bonus, la congrégation pour la doctrine de la foi nous rappelle que la liberté du malade en fin de vie est fortement conditionnée par la maladie et la douleur physique, psychique, spirituelle. De même qu’on ne peut accepter qu’une personne humaine soit notre esclave, même à sa demande, nous ne pouvons accepter de donner la mort, même si le patient le demande.

L’aide médicale à mourir et acharnement thérapeutique sont deux faces d’une même pièce : celle de la toute-puissance de l’homme sur sa vie, celle de la réponse technicienne à la souffrance.

Alors quelles solutions pour les médecins chrétiens d’aujourd’hui, pour soutenir la vie lorsque sa dignité est relativisée par le législateur ? Se rassembler pour être plus fort face aux attaques contre la vie ? Ou se disperser pour aller annoncer la victoire de la vie sur la mort, comme les premiers apôtres ? Peut-être un peu des deux ! A Marseille, nous sommes un petit groupe de soignants catholiques à porter le désir d’aller manifester l’évangile par le soin, aux périphéries dans le village de Saint Jérôme (13e arr.) Dans des locaux paroissiaux, nous souhaitons prendre soin de nos voisins de quartier : le respect de la vie, loin d’être un étendard politique, sera une base pour œuvrer à une vraie fraternité évangélique.

La manière dont nous regardons nos patients révèle ce que nous voyons. Si nous posons un regard de vie sur les malades, nous verrons la vie en eux. N’enterrons pas les patients de leur vivant ! Nous soignants chrétiens sommes appelés à choisir la vie, là où la souffrance nous aveugle et nous enferme dans le refus d’aimer et de se laisser aimer, ou qu’elle nous fait espérer la libération des limites de notre corps.

Pour conclure, ne confondons pas une mort digne avec la qualité de vie du malade en fin de vie. La dignité du malade en fin de vie peut être entachée par sa souffrance, notre rôle de soignant est d’enlever au mieux ces tâches pour révéler le trésor qu’est toute personne humaine, et non de se débarrasser du patient pour se débarasser de sa souffrance.

Publié le 15 mai 2025

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