La vie consacrée à la lumière de la Chandeleur
La Chandeleur, fêtée comme nulle part ailleurs à Marseille, commémore la présentation de Jésus au temple. En 1997, le Pape Jean-Paul II a demandé que le 2 février soit aussi une journée d’action de grâce pour celles et ceux qui se sont engagés dans la vie consacrée. Rencontre avec Sœur Krystel Bujat, auxiliaire du sacerdoce et membre du Conseil de la vie consacrée du diocèse de Marseille.
Pourquoi la Chandeleur coïncide-t-elle avec la journée de prière pour la vie consacrée ?
Initialement, elles n’étaient pas particulièrement fêtées le même jour. Cela remonte à l’année 1997, quand le Pape Jean-Paul II publia « Vita Consecrata » associée au synode sur la vie consacrée. Il décida de faire le lien entre celle-ci et la présentation de Jésus au temple, ce passage de l’Evangile où Joseph et Marie viennent, en quelque sorte, offrir Jésus à Dieu. Choisir cette date-là pour la vie consacrée permet de relier cette offrande du Christ au Père avec celle des hommes et des femmes qui font le choix de consacrer leur vie à Dieu. Le lien entre ces deux fêtes a un accent particulier à Marseille, car l’octave de la Chandeleur est temps phare de la vie diocésaine. Le soir de la Chandeleur, toutes les personnes engagées dans la vie consacrée, toutes les congrégations avec les moines et moniales unis par la prière, tous les instituts séculiers, après un temps d’échange convivial, renouvellent leurs vœux ensemble devant l’évêque. C’est particulier à Marseille et je ne manquerais ce moment pour rien au monde : il nous redit notre communion dans la grande diversité de la vie consacrée.
Qu’est-ce qu’on appelle la « vie consacrée » ?
Il faut d’abord souligner que tous les baptisés sont des consacrés. Parmi ces baptisés, certains sont appelés à prononcer des vœux – qui ne sont pas un sacrement, comme le sacrement du mariage ou de l’ordre par exemple – pour s’engager à vivre leur vocation baptismale d’une façon particulière. Mais, canoniquement, ils restent des laïcs. La vie consacrée comprend un champ très large qui va des ordres religieux contemplatifs ou apostoliques aux instituts séculiers, l’ordre des vierges consacrées ou encore des personnes qui font ce qu’on appelle des « vœux privés ».
Quels sont les vœux qu’on prononce lorsqu’on entre dans la vie consacrée ?
Nous prononçons les vœux de pauvreté, de chasteté dans le célibat et d’obéissance, qui peuvent se décliner différemment selon les manières de vivre. Les moines et les moniales, de leur côté, en principe, font vœu de stabilité, et sont attachés au même monastère toute leur vie. Il peut y avoir des exceptions. De nos jours, face au vieillissement des communautés, des monastères se regroupent. Concernant la vie apostolique, les religieux ne font pas vœu de stabilité et sont amenés à aller d’une communauté à l’autre au gré des besoins et des appels.
Quels sont les différents types de vie consacrée ?
Contemplatif et apostolique sont les deux grands groupes pour la vie consacrée. La vie monastique place la prière en premier car c’est elle qui ordonne tout le reste de la vie. En schématisant rapidement, on peut dire que la vie contemplative ou monastique, c’est une vie un peu à l’écart du monde mais pas pour autant retirée. Les moines et les moniales peuvent donner l’impression qu’ils se retirent du monde mais c’est loin d’être la réalité : ils sont parfois bien plus au fait de ce qui se passe dans le monde que nous qui y vivons. En réalité, ils sont au cœur du monde, consacrant leur vie à prier pour lui. Concernant la vie apostolique, les religieux sont envoyés sur les routes, sans laisser la prière de côté, bien sûr, car elle est la force de la vie de tout religieux, mais elle s’organise différemment. Elle n’est pas seconde mais organisée de telle manière à ce que chacune puisse vivre sa mission telle qu’elle doit la vivre. Chaque congrégation a son charisme propre : enseignants, soignants, service des pauvres, etc. Par exemple, pour ma congrégation des Auxiliaires du sacerdoce, notre vie de prière est ordonnée à la mission. Notre vie est guidée par le sacerdoce du Christ et l’offrande. Il s’agit pour nous, modestement, de révéler l’amour immense et insondable du Cœur du Christ pour toute l’humanité dans tous les lieux des hommes et des femmes de ce temps, quelles que soient leur culture ou leur religion. Par conséquent, nos actions peuvent être très variées, en milieu non confessionnel ou au service de l’Église, ce qui est mon cas.
Quelle différence y a-t-il entre la vie consacrée masculine et féminine ?
Il n’y a pas de différence particulière si ce n’est que certains religieux peuvent aussi être prêtres. Les différences se situent davantage dans les charismes des congrégations, et de l’époque à laquelle elles ont été créées. Souvent, les fondateurs ont répondu à un instant donné à un besoin de l’Église et du monde, qui n’était pas alors pris en compte. Les Auxiliaires du sacerdoce ont été fondées en 1926. Notre fondatrice était sensible à la solitude des prêtres de l’époque dans leur ministère pastoral, sentant qu’il était nécessaire que les baptisés puissent collaborer avec eux ; on pourrait parler d’un avant-goût de synodalité ! Les instituts séculiers rassemblent des hommes et des femmes qui vivent leur vocation baptismale et la radicalité des vœux au cœur du monde avec un charisme particulier. Il y a aussi l’ordre des vierges consacrées : elles vivent leur consécration au cœur du monde en lien avec l’évêque de leur diocèse. Les religieux, eux, vivent en communauté et mettent en commun de tout ce qu’ils ont.
Quelle place occupe « la vie consacrée » dans le diocèse de Marseille ?
J’aime bien dire que la vie consacrée ne sert à rien mais qu’on ne peut pas s’en passer (rires). Cela signifie simplement qu’il y a une part de gratuité dans ce choix de vie et que nous sommes là pour témoigner que la vie de tout baptisé est consacrée à Dieu, que c’est Lui qui occupe la première place. Il y a parfois une tendance à faire des religieux des super-baptisés ou des super-laïcs alors que nous sommes simplement là pour essayer de manifester la gratuité et la joie d’une vie entièrement donnée Dieu. Les religieux, par leur façon de vivre, sont aussi un signe de fraternité. Tes frères et sœurs de communauté te sont donnés, tu ne les choisis pas. Nous faisons l’expérience qu’il est possible de vivre ensemble différents et de mettre en commun tout ce qu’on a. Il y a une vingtaine de congrégations masculines et près d’une quarantaine de congrégations féminines à Marseille, deux monastères de religieuses contemplatives et des petites communautés apostoliques dans les différents quartiers du diocèse, ainsi que des communautés de sœurs et de frères âgés.
Comment le diocèse accompagne-t-il la vie consacrée et la question du discernement ?
L’archevêque a le souci de tous ceux qui vivent sur le diocèse, parmi lesquels les consacrés. Un prêtre délégué les accompagne, le père Xavier Autonès Il rencontre les consacrés de temps en temps pour se réjouir de ce qui va bien et éventuellement accompagner ce qui est plus difficile à un moment donné. Il existe également un conseil diocésain de la vie consacrée auquel j’appartiens. Nous proposons des temps de rencontres et de formation aux consacrés. Le 2 février est un des moments importants de l’année pour nous. Pour accompagner le discernement, de celles et ceux qui se posent la question de la vie consacrée, il existe un service des vocations, avec deux propositions : « L’année Saint Cassien » pour les garçons et « Choisis la vie » pour les filles. « L’année Saint Cassien » s’adresse en priorité aux jeunes hommes qui n’excluent pas la possibilité de devenir prêtre. Le parcours « Choisis la vie » a été mis en place à la demande de jeunes femmes, qui se posaient la question d’une vocation religieuse et ne savaient pas vers qui se tourner. Les deux parcours sont organisés sur le même schéma, avec des soirées de rencontres régulières ainsi que des semaines au cours desquelles les jeunes, tout en continuant leurs études et/ou leur travail la journée, se retrouvent le soir pour un temps d’échange, de formation, de prière et rencontrent des témoins. Depuis 2016, l’année « Saint Cassien » a accueilli une trenatine de jeunes hommes et, sur les quatre années, « Choisis la vie » a accompagné une vingtaine de jeunes femmes. Cette année, nous avons fait le choix de construire le parcours en fonction des besoins des jeunes femmes pour y répondre au mieux. Souvent, elles font appel à nous au début du discernement et se posent des questions profondes sur le sens de leur vie, leur appel à la vie consacrée ou au mariage, leur vocation. C’est toujours bénéfique pour elles de rencontrer d’autres jeunes femmes qui se posent les mêmes questions. Celles qui se posent des questions, qu’elles n’hésitent pas à prendre contact avec nous !
Renseignements : vocations.jf.choisislavie@gmail.com ou mavocationmarseille@gmail.com pour année Saint Cassien
Propos recueillis par Sophie Lecomte
Crédit photo service communication diocèse de Toulon
Dossier à retrouver dans le numéro de février 2025 de la revue Eglise à Marseille
Publié le 02 février 2025 dans A la une
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