Les origines bibliques du jubilé [1].
« Dans le peuple juif, selon les prescriptions de la Loi mosaïque (mais dans une rédaction tardive : Lv 27, 16-25; Nb 36, 4), on célébrait tous les sept ans une année dite « sabbatique ». Cette désignation était faite par référence à la structure de la semaine, où un jour de sabbat en l’honneur de Yahweh venait clore six jours de travail dans la « profanité » du monde. Annoncée au son de la corne de bélier – le « yôbèl », d’où son nom -, l’année jubilaire était celle où, à la fois : on permettait à la terre de se reposer, on libérait les esclaves, et l’on pratiquait la remise de toutes les dettes. Corrélativement, au bout de sept fois sept ans, on renouvelait le processus : tous les 50 ans on avait ainsi une année jubilaire particulièrement solennelle.
Le but de telles années était en somme de pratiquer une sorte de « remise à plat », de redonner toutes leurs chances à ceux qui les avaient perdues et même, finalement, de rétablir l’égalité entre tous les fils d’Israël. Lv 25, 10 : « Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et vous proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé : chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan. »
En fait, les spécialistes de l’Ancien Testament se demandent si la loi du jubilé a été tellement observée en Israël. Outre qu’elle n’a pas de vrais parallèles au Moyen-Orient, elle se présente plutôt, selon eux, comme une élaboration tardive d’une stipulation législative jamais vraiment passée dans les faits… et d’ailleurs difficile à mettre en œuvre. Tout se passe même comme si la prescription énoncée ici inscrivait de fait nettement sur un horizon eschatologique l’interpellation éthique qu’elle comporte assurément.
Il est très instructif, dans ces conditions, de relever que le Nouveau Testament a justement pu lire et présenter la venue et la mission de Jésus en référence à cette tradition jubilaire de l’Ancienne Alliance. En Lc 4, 16-30, on voit en effet Jésus, invité à prendre la parole après la lecture de l’Écriture qu’il venait de faire dans la synagogue de Nazareth, s’appliquer à lui- même ce passage du prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi, car le Seigneur m’a donné l’onction : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la délivrance, proclamer une année de grâce de la part du Seigneur. »
Le fait que Jésus s’approprie ainsi en quelque sorte la pratique vétéro-testamentaire du Jubilé, dévoile le sens profond de sa venue et de son arrivée : avec lui s’inaugure l’avènement définitif de la grâce et du salut, de la guérison et de la délivrance. »
[1] Mgr Joseph Doré, dans le bulletin du secrétariat de la conférence des évêques de France de mai 1999.
Publié le 18 décembre 2024 dans Avent4
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