Magdaléna 13 : à la rencontre des prostituées

Depuis la rentrée et en lien avec l’association « Magdalena », très implantée à Paris et Grenoble, un groupe se retrouve une fois par semaine aux Réformés pour prier et aller à la rencontre des prostituées du quartier. Des échanges facilités par l’amitié et la prière.
Chaque mercredi à la paroisse « Saint-Vincent-de-Paul les Réformés », le rituel est le même, un groupe de 4 à 6 personnes, selon les semaines, se réunit pour prier l’Esprit Saint à partir de 20h. Ensuite le groupe se divise en binôme pour aller voir « les filles » pendant que d’autres restent à l’Adoration pour prier pour elles. Ces « filles », ce sont des prostituées, femmes ou transsexuels qui arpentent les trottoirs du quartier à la tombée de la nuit, souvent dans la solitude et l’indifférence. Elles sont difficiles à approcher et il faut s’armer de patience pour les rejoindre et leur offrir un temps d’écoute et de partage gratuit. « Gratuit », le mot leur fait sans doute un peu peur aussi. « Nous essayons de tisser une relation d’amitié petit à petit, nous intéressons à elles, à ce qu’elles vivent pour leur montrer qu’il existe autre chose que des relations tarifées avec des clients froids », raconte Pierre-Louis, 27 ans, membre actif de l’association Magdalena 13, qui propose ces temps de rencontre aux Réformés. Si le groupe vit de beaux moments de partage, l’approche est parfois laborieuse et se fait au rythme de chacune. Certaines se ferment tout de suite, ne veulent pas parler et peuvent être agressives ; d’autres sont là un mercredi puis disparaissent pour réapparaître ; d’autres encore ne parlent pas bien français ou sont saoules alors la conversation devient difficile voire impossible. Pierre-Louis reconnaît que la prière à l’Esprit Saint est un rouage essentiel de la soirée car « elle aide à avoir les bons mots et être à l’écoute, ce qui n’est pas toujours simple après une journée de travail derrière nous », complète-t-il.
Une parenthèse de légèreté dans un quotidien lourd
Le jeune homme assure vivre, chaque mercredi, de « très beaux échanges ». Quand il dresse le portrait de ces femmes de la nuit, on est loin du cliché. Ce sont en majorité des femmes d’une soixantaine d’années d’origine africaine, qui ont des enfants et des petits enfants. « Nos conversations parlent de choses simples, de leurs familles, leurs pays, leurs loisirs, comme on le ferait avec des amis, poursuit Pierre-Louis, elles ont besoin d’écoute et de liens vrais car dans le fond elles sont assez seules. Pas facile d’avoir une vie sociale quand on se prostitue !». De temps en temps, le groupe Magdalena, leur propose des sorties à la mer ou à Notre-Dame-de-la-Garde. Aussi étonnant que cela puisse paraître, certaines n’y ont jamais été alors qu’elles habitent à côté. Une parenthèse de légèreté dans un quotidien lourd.
Parmi les prostituées rencontrées par Pierre-Louis, beaucoup sont catholiques mais certaines n’osent pas aller à la messe à cause de leur situation. Les bénévoles de l’association Magdalena ont à cœur de leur rappeler que « Dieu porte un regard d’Amour aussi sur elles » et prient quotidiennement pour elles. « Un geste qui touche les prostituées au point que certaines fondent en larmes dans nos bras », confie Pierre-Louis.
Actuellement le groupe est constitué majoritairement de jeunes professionnels et principalement de femmes mais souhaiterait s’agrandir et accueillir des personnes autour de 40 à 60 ans, qui ont une famille et peuvent ainsi échanger avec une prostituée mère ou grand-mère. Avoir de nouveaux bénévoles permettrait à l’association d’élargir son périmètre d’action pour pouvoir se rendre dans d’autres quartiers de Marseille comme le boulevard Sakakini, Baille ou encore le quartier de la Timone.
Sophie Lecomte
Crédit photo: Stocksnap/Pixabay
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