Messe chrismale, le don de l’Esprit

La messe chrismale n’est pas la célébration la plus facile à comprendre. Dans l’opinion commune, elle est la messe qui manifeste l’unité de l’évêque avec son presbyterium, avec le renouvellement des promesses des prêtres. En réalité, il s’agit là d’un ajout très récent, alors que la liturgie de la messe chrismale est, elle, très ancienne. Éclairage par le frère Antoine Odendall, responsable de la Pastorale liturgique et sacramentelle du diocèse de Marseille.
Depuis des siècles, la messe chrismale invite les fidèles à voir et accueillir l’Esprit comme celui qui vivifie et rassemble tout le peuple de Dieu par le moyen des sacrements. La prière de consécration du saint chrême effectuée au cours de cette messe le manifeste : « Lorsque ton Fils, notre Seigneur, eut sauvé le genre humain dans le mystère de sa Pâque, il remplit ton Église de l’Esprit saint avec la merveilleuse abondance de ses dons, afin qu’elle puisse achever dans le monde l’œuvre du salut. Depuis, par le mystère du saint chrême, tu accordes aux hommes les richesses de ta grâce. » La messe chrismale nous montre que l’Église est tout entière ointe (« chrismale » vient de christos (Χριστός) qui signifie « oint ») de la grâce du Saint-Esprit, qu’elle est appelée à répandre sur ses fidèles par le moyen des sacrements. La messe chrismale invite ainsi à contempler la grâce se répandant comme une huile généreuse sur son Église, secourant les affligés, guérissant les malades, sanctifiant les catéchumènes, répandant en chacun la vie qui vient de Dieu.
Mais quel lien, alors, avec le renouvellement des promesses sacerdotales qui a lieu au cours de la messe chrismale ? Cet apport, qui date de 1970, est dû au saint pape Paul VI, qui l’envisagea à une époque où la théologie du sacerdoce était mise à rude épreuve (sécularisation du clergé, crise des prêtres ouvriers, etc.). L’histoire de cet ajout mérite que l’on s’y arrête : pour organiser la réforme liturgique, le pape Paul VI n’était pas seul car plus de cent groupes de travail œuvraient à produire les documents qui sont maintenant ceux de notre liturgie. Ces groupes de travail étaient pilotés par un groupe nommé Consilium. À la demande de Paul VI d’introduire le renouvellement des promesses sacerdotales dans la messe chrismale, le Consilium s’était opposé en faisant valoir que l’ajout de ce rite déportait le rapport entre les huiles et le sacerdoce baptismal vers une « fête du sacerdoce » extérieure à la raison d’être première de la messe chrismale. Pourtant, saint Paul VI décida de trancher contre l’avis du Consilium. Et la rénovation des promesses sacerdotales fait maintenant partie du rite de la messe chrismale tel qu’il nous est donné par l’Église.
Il n’y a pas lieu ici de mettre en doute ce choix : nous recevons la liturgie de l’Église ! Mais de cette histoire, nous pouvons retenir que, s’il est très heureux que le peuple de Dieu manifeste son attachement à ses pasteurs – c’est un prêtre qui écrit ces lignes ! –, le souvenir de la prudence du Consilium nous rappelle que le personnage principal de la messe chrismale, dont la liturgie souligne l’action, n’est pas l’évêque ni les prêtres réunis, mais la personne de l’Esprit saint. Certes, les prêtres sont les ministres essentiels de ce don qui passe par leurs mains, leur vie donnée et l’obéissance à l’évêque, mais c’est bien le don de l’Esprit qui est au centre de la messe chrismale.
Publié le 11 mars 2024
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