Pape François : dix ans de pontificat

pape françois

Dès son élection le 13 mars 2013, il y a 10 ans, le pape François nous a surpris : il s’est incliné devant la foule massée sur la place Saint-Pierre en demandant que l’on prie pour lui. Revêtu de la seule soutane blanche, il avait l’air un peu gauche et embarrassé, sans trop saluer tous ceux, nombreux, qui l’acclamaient…

 

Un changement de style

Très vite, les journaux ont illustré le changement en remarquant ses chaussures noires et son absence de tout décorum. Les déplacements du pape François se feraient désormais dans de petites voitures, y compris aux Etats-Unis où son véhicule disparaissait derrière les énormes engins de sécurité ! 

Ces petits changements extérieurs correspondent à de grandes options tournées vers une simplicité très franciscaine dans la ligne du nom qu’il a choisi, celui de François d’Assise. Ils manifestent une volonté de solidarité avec les pauvres de ce monde, les réfugiés, les sans domicile fixe qu’il rencontre à Rome et dans presque tous ses voyages. N’oublions pas que son premier déplacement l’a mené à Lampedusa, port d’accueil des réfugiés de la Méditerranée.

Plus profondément encore, en suivant la piste théologique et institutionnelle, cette option de style s’est traduite par des discours très vigoureux contre les comportements des cardinaux ou des évêques qui agissent comme des princes. Son combat contre le cléricalisme et les positions de pouvoir du clergé a très vite marqué les esprits.

Le pape François veut une Eglise pauvre pour servir les pauvres, une Eglise hôpital de campagne pour les blessés de la vie. Il insiste sur la compassion, la miséricorde et la réconciliation.

 

Hors des sentiers battus

Après 10 ans de ce pontificat qui était annoncé comme court, l’image de l’Eglise n’est plus la même. Ce pape du sud, très latino-américain, a voyagé dans le monde entier, mais surtout dans les pays d’Amérique, d’Afrique et d’Asie. Il a évité les pays d’Europe. Il va dans des endroits difficiles, comme l’Ouganda, la Birmanie et le Bangladesh et récemment au Soudan ou en République Démocratique du Congo. Il soutient les pays en reconstruction comme la Colombie, la Palestine, l’Arménie. 

La géographie de la nomination des cardinaux sort aussi des sentiers habituels. Il a nommé de très nombreux cardinaux issus de la périphérie, y compris en Mongolie, à Tonga, au Cap Vert ou à Timor. Il a doublé par exemple le nombre de cardinaux asiatiques. L’Eglise n’a plus son centre en Europe, mais dans le sud de la planète. François oublie quantité de sièges de villes habituées à avoir leur cardinal, Milan, Venise, Paris et tant d’autres. Il a aussi réduit le nombre de cardinaux romains, quitte à nommer de simples prêtres à des postes autrefois cardinalices comme les finances ou la communication. Les vieilles évidences n’ont plus lieu d’être…

Plus fondamental encore, le tournant effectué par François touche la morale, au point d’interroger bon nombre de catholiques sur les conduites à tenir. Plutôt que d’appliquer de manière stricte, rigoureuse et quelque peu automatique les règles morales habituelles comme le refus de la communion aux divorcés remariés, il invite, dans sa fameuse exhortation Amoris Laetitia, à entreprendre un vrai discernement sur les situations concrètes sans changer l’enseignement de l’Eglise. Le jugement moral n’est pas une opération mécanique, mais il doit passer par le discernement opéré par la conscience personnelle. N’est-ce pas la Constitution Gaudium et Spes du Concile Vatican II qui souligne (§ 16) la dignité de la conscience morale ? La norme n’est pas relativisée, elle est mise dans une nouvelle perspective, qui sort des sentiers battus. Comme pour la synodalité, le pape François ne fait que prolonger le Concile lancé par Jean XXIII.

 

Un pontificat pour durer

Quand le pape François est apparu dans une chaise roulante, bien des journalistes pensaient que c’en était presque fini de ce pontificat et qu’il fallait en envisager rapidement la fin. Ce n’est pas le tournant pris par François. Ses voyages ont su s’adapter à cette contrainte. Les annonces de nouveaux déplacements se multiplient entre Marseille et Oulan-Bator en Mongolie, en septembre.

Les chantiers en cours sont nombreux, et parmi eux le plus important sans doute, celui du synode sur la synodalité qui est une manière de réactiver les grands principes de Vatican II sur la place des laïcs et leur responsabilité dans l’Eglise. François suivra de près les deux sessions prévues en octobre 2023 et octobre 2024, avant d’en publier les conclusions. Le processus en cours étant aussi important que les résultats, il espère que ceux qui résistent au processus synodal se convertiront dans la pratique même de la synodalité.

Autre nouveauté encore, François vient de renouveler son C9, ce fameux conseil des cardinaux qui permet au pape de poursuivre les réformes internes au Vatican, comme la réforme de la curie ou celle des finances qui demandent une nouvelle attention mais aussi de relancer les grandes actions de l’Eglise qu’il veut mener contre la pédophilie. Ce pontificat n’est donc pas terminé.

 

 

Article de Pierre de Charentenay publié dans Église à Marseille

Publié le 31 mai 2023 dans

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