Pâques : les papes souhaitent une date commune

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L’idée d’une date commune pour Pâques, si elle avait déjà été au cœur du concile de Nicée, a été relancée au XXe siècle, notamment par le pape Paul VI, dans l’élan du concile Vatican II.

 Depuis le Concile Vatican II, l’Eglise catholique romaine manifeste un vif intérêt pour la détermination d’une date commune de Pâques. Le Concile a encouragé la recherche d’une telle date, pour autant qu’il y ait un accord œcuménique sur l’opportunité de le faire. Il a aussi envisagé que les Églises catholiques locales, en Orient notamment, puissent fixer librement la date de Pâques pour la fêter en même temps que les autres confessions chrétiennes majoritaires dans leurs pays.

Dans une lettre au patriarche œcuménique Dimitrios Ier, datée du 26 mars 1975, que Paul VI mentionna la dimension évangélique de la recherche d’une date commune. « Il est peut-être plus nécessaire que jamais, dans monde où nous vivons, que nous témoignions […] de notre foi dans la résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ. En outre, sa résurrection est le fondement même de notre foi — cette foi qui est mise en question par tant de gens. Saint Paul n’écrit-il pas que si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine (1 Co 15,14) ? Forts de cette conviction et confiants dans le pouvoir du Christ ressuscité et de son Esprit, nous exprimons l’espoir qu’en célébrant ce mystère suprême d’un même cœur et d’une même voix, nous pourrons rendre gloire à Dieu, Père de Notre Seigneur Jésus Christ, qu’il a ressuscité des morts (Ro 16,6 ; Col 2, 12). » Malgré toutes les tentatives, le sujet s’annonça délicat du côté des Églises protestantes et orthodoxes et l’Église catholique ne souhaitant pas prendre une décision qui aurait été un nouvel obstacle à l’unité, n’alla pas plus loin.

De Jean-Paul II à François

Comme Paul VI, qui avait affirmé que l’Église catholique était prête à renoncer au premier solstice suivant la pleine lune de mars et à accepter tout changement nécessaire pourvut que la date fût fixée ensemble, le pape Jean Paul II se déclara lui aussi favorable à une date de Pâques commune. En 2001 par exemple, année où les chrétiens fêtèrent la Résurrection le même jour, il exprima ainsi l’espoir que « cela nous encourage à parvenir à un accord sur une date commune pour cette fête.» Cette même année, lors de sa visite dans le quartier historique de la capitale syrienne où se trouvaient les trois patriarcats orientaux grec-orthodoxe, grec-catholique et syrien-orthodoxe, Jean-Paul II demanda l’unification « sans délai » du calendrier pascal.

Plus récemment, le pape François fit sienne cette demande, en utilisant le ton plus léger et plein d’humour qu’on lui connaît parfois : « Quand ressuscite ton Christ ? Le mien, c’est la semaine prochaine ! » François a affirmé à plusieurs reprises que « l’Eglise catholique est disposée à accepter la date que tous veulent, une date de l’unité », invitant à redécouvrir les racines communes de la foi et à ne pas célébrer cette fête uniquement comme un « souvenir historique » mais aussi comme « un engagement à témoigner de la communion croissante entre nous ».

 Des appels à l’unité

Une aspiration à l’unité partagée par plusieurs responsables d’autres confessions chrétiennes, comme le pape copte Tawadros II, qui voit dans ce décalage de date un « problème historique » sans implication de foi et de doctrine. Pasteur d’un peuple chrétien évoluant au sein d’un pays majoritairement musulman, le pape copte a même confié au cardinal Jean-Marc Aveline, venu le visiter en Egypte en février 2025, que fêter Pâques ensemble est essentiel pour témoigner de l’unité entre chrétiens et donner au message de la Résurrection une résonnance renouvelée. D’autres évêques orthodoxes, comme l’archevêque orthodoxe de Telmessos, chef de la Mission permanente du Patriarcat œcuménique de Constantinople auprès du Conseil œcuménique des Eglises (COE), s’est récemment exprimé en faveur d’une date commune, tout comme Sa Sainteté Mar Awa III, catholicos-patriarche de l’Église assyrienne d’Orient ou encore le patriarche Bartholomée, qui a évoqué il y a quelques mois « la question urgente d’une célébration unifiée de Pâques parmi les chrétiens, un sujet essentiel pour favoriser l’unité des chrétiens. »

Dans la bulle d’indiction du Jubilé, le pape François a repris ce sujet, le liant lui aussi à l’anniversaire du Concile de Nicée : « Le Concile de Nicée a également discuté de la date de Pâques. À ce sujet, il y a encore aujourd’hui des positions divergentes qui empêchent de célébrer le même jour l’événement fondateur de la foi. Par un concours de circonstances providentiel, cela aura précisément lieu en 2025. Cela doit être un appel à tous les chrétiens d’Orient et d’Occident pour qu’ils fassent un pas décisif vers l’unité autour d’une date commune de Pâques. Beaucoup, il est bon de le rappeler, n’ont plus connaissance des polémiques du passé et ne comprennent pas comment des divisions peuvent subsister sur ce sujet. »

Amaury Guillem

Crédit photo: paroisse des Chartreux

A NOTER: à l’occasion de la date commune de Pâques, exceptionnelle cette année, tous les chrétiens de Marseille ont rendez-vous le dimanche 20 avril à 17h sur le Vieux Port pour porter le message « la paix soit avec vous ». La foule accueillera l’arrivée en bateau des différents responsables des Églises membres du Comité œcuménique, pour fêter et annoncer la joie de Pâques. Un rendez-vous exceptionnel à ne pas manquer !

Publié le 11 avril 2025 dans

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