Paul Bony, un siècle au service de la foi

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Exégète, supérieur de plusieurs séminaires de France, le Père Paul Bony, prêtre de la compagnie de Saint-Sulpice, est une figure bien connue du diocèse. Il est notamment l’initiateur des fameux parcours bibliques qui existent depuis 2006 et a participé activement à la création à la création de l’Institut de sciences et théologie des religions, ISTR. Il vient de fêter ses 100 ans le 23 septembre. Pour Eglise à Marseille, il a accepté de dérouler une partie du fil de sa vie.

Il est bientôt l’heure de déjeuner quand nous passons les portes de l’œuvre de jeunesse JJ Allemand (OJJA), rue Saint Savournin à Marseille, en ce vendredi. Quand nous pénétrons à l’intérieur, un grand silence inhabituel règne dans ce lieu fréquenté par des enfants. C’est la fin des vacances d’été et les activités de l’œuvre n’ont pas encore repris. C’est ici que vit le Père Paul Bony, prêtre sulpicien, présent à Marseille depuis 40 ans. Le 23 septembre, il est passé à trois chiffres, comme on dit pudiquement. Il nous invite à rejoindre son bureau. Pour cela, nous traversons la cuisine de laquelle s’échappent de bonnes odeurs de plats mijotés et un long couloir. Une fois à l’intérieur, il nous invite chaleureusement à nous asseoir dans une pièce aux étagères couvertes de livres. Sur une table basse proche, trônent les œuvres complètes de Saint Thérèse de Lisieux. Une fois assis, nous balayons ce siècle de vie, dont trois quarts consacrés à l’Eglise. Le Père Paul s’inquiète d’abord de savoir s’il va bien remercier tous ceux qui ont croisé sa route, une tâche ardue quand on a connu deux siècles et deux conciles. Il commence par les prêtres de l’OJJA, « qui l’ont soutenu par leur amitié dans sa vie de prêtre ». Il passe, aussi, en revue ses souvenirs d’enfants de chœur et revient sur cet après-midi de printemps ou l’un des vicaires de sa paroisse vient trouver ses parents pour leur proposer qu’il devienne prêtre. « J’étais dehors sur une table extérieure et j’avoue que je n’y pensais pas moi-même, mais j’ai dit oui tout suite. Merci à ce prêtre et à Dieu qui a agi à travers lui et merci à tous ceux qui m’ont donné une formation spirituelle, théologique, pastorale. Ils sont très nombreux, je ne peux les énumérer tous ». Le Père Paul est simple et humble et Dieu est venu le chercher dans ce quotidien « sans chichis ». Petit séminaire de Montbrison, séminaire de Saint-Irénée de Lyon, il déroule le fil de sa vie et s’arrête un instant sur une rencontre qu’il faite à la fin des années 1960 alors qu’il est supérieur du séminaire de Rodez dans l’Aveyron, la visite d’un prêtre Sulpicien, qui l’invite à sortir hors des murs du séminaire. « Cette visite m’a secoué de ma tranquillité et m’a poussé à une vie apostolique plus claire et plus précise dans une vie de professeur de séminaire et il a eu raison, relate le Père Paul. Je suis allé à la rencontre des laïcs et j’ai fait la connaissance du directeur d’une librairie à Rodez, frère d’un grand résistant de Lyon, engagé dans l’ACO, action catholique en monde ouvrier. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à me lier au service apostolique des chrétiens en monde ouvrier et cela a profondément marqué ma vie. J’ai continué cette mission à Lyon puis à Marseille quand je suis arrivé en 1983 ».

ACO, ISTR et parcours bibliques : les 1000 vies de Paul Bony

Raconter sa vie, c’est aussi revenir sur ces années d’enseignement en tant que théologien et professeur d’exégèse. Des années qu’il a beaucoup aimées. « Ce qui m’a plu, ce n’est pas être simplement professeur mais d’être formateur en équipe avec d’autres et puis avec des laïcs, dans la vie paroissiale, dans la vie des mouvements pour aider des gens à devenir formateurs à leur tour », expose-t-il.

Paul Bony à Marseille, c’est aussi l’ISTR et les parcours bibliques. En 1992, il participe aux côtés du père Jean-Marc Aveline à la création de l’ISTR. Alors que le séminaire a quitté Marseille, l’idée de cet institut naît autour d’une discussion dans un restaurant étudiant. Sous l’impulsion de Mgr Cofy qui s’inquiètait pour la formation des laïcs, l’institut de sciences et théologie des religions (ISTR) voit le jour à Marseille, après Paris et Toulouse. Pour Paul Bony, il s’agissait de répondre aux besoins de formation théologique des personnes qui vivent leur foi chrétienne dans un monde multireligieux, particulièrement à Marseille. Il ajoute : « On ne peut pas être chrétien à Marseille sans connaître les autres religions, et on ne peut pas annoncer Jésus, le Christ et l’Évangile, sans montrer qu’on estime déjà la foi dont vivent d’autres croyants ».

Quant aux parcours bibliques, ils existent depuis 2006 dans le diocèse, sur une idée du Cardinal Bernard Panafieu. Ils se basent chaque année sur un texte de l’Ancien Testament, un prophète, un évangile ou un apôtre et sont proposés par toute une équipe de membres du service de la Catéchèse. Pour cette année 2024/2025, ils seront consacrés au Prophète Jérémie, qui par son humilité, son humanité et sa confiance en Dieu, a su délivrer un message plein d’espérance au cœur de l’adversité.

Après avoir raconté l’histoire de Jérémie et cité plusieurs passages bibliques par cœur, le Père Paul souffle un moment, sourit et lance « j’en peux plus ». C’est peut-être le moment de le laisser se reposer. Quand on lui demande ce qu’on peut lui souhaiter pour ses 100 ans, son visage s’illumine et humblement il répond : « de vivre encore un peu ». Avant de conclure, le Père Paul rend hommage à son papa. Cet homme qui n’écrivait jamais car il ne savait pas tenir un porte-plume, lui a envoyé une seule lettre. Des mots gravés dans sa mémoire et son cœur, qu’il livre avec émotion : « Je prie pour que tu sois prêtre à la manière du curé d’Ars ». Il marque un temps d’arrêt avant de poursuivre, « je n’ai pas exaucé pleinement le souhait de mon père et je souhaite à la fin de ma vie racheter le passé dans ce qu’il y a eu d’insuffisance pour être vraiment dans la ligne du don total, comme le curé d’Ars».

Nous pourrions encore parler des heures avec le Père Paul tant il est disert mais l’heure du déjeuner approche. Au moment de le saluer, nous apprenons qu’il a été parolier et qu’il a composé la partition du chant « la nuit qu’il fut livré » pour le recueil de chants Les Deux tables. Décidément, le Père Paul ne cesse de nous surprendre et de nous émerveiller.

 

Sophie Lecomte

Crédit Photo: Diocèse de Marseille

Retrouver cet article dans le numéro d’octobre de la revue « Eglise à Marseille ».

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Publié le 01 octobre 2024 dans

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