« Que Dieu forge en moi l’apôtre dont il aura besoin »

Charbel Aboukhater fait partie des onze jeunes hommes qui font leur rentrée au séminaire pour le diocèse de Marseille – trois propédeutes et huit séminaristes.
Il est Libanais, mais entre au séminaire pour le diocèse de Marseille. Il est issu d’une famille melkite, mais se prépare à devenir prêtre dans le rite latin, après avoir travaillé quelques années à la paroisse – maronite – Notre-Dame-du-Liban, à l’entrée du parc Borély. Titulaire d’une thèse en microbiologie, le voilà qui délaisse l’étude de l’infiniment petit pour celle de l’infiniment grand « qui s’est fait tout petit pour nous », relève Charbel. Le jeune homme, que l’on retrouve à la terrasse d’un café, juste avant son départ pour une semaine de retraite avec les autres séminaristes du diocèse, a le regard franc et la voix discrète. « J’ai grandi dans une famille chrétienne instruite, raconte-t-il. Chez nous, il n’y avait que des livres de biologie et de théologie. Et des photos de saints partout. » Parmi eux, la petite Thérèse figure en bonne place. Comme elle, Charbel affirme que Dieu lui a donné des parents plus dignes du ciel que de la terre.
La famille vit à Zahlé, ville du Moyen-Orient où la population catholique est la plus nombreuse et où les relations interconfessionnelles sont quotidiennes : « J’ai été baptisé à la maison, en présence de l’évêque orthodoxe de la ville, un ami de mes grands-parents. Nous étions attachés à la paroisse melkite mais en semaine, j’allais à la messe chez les maronites ou les franciscains, en rite latin. Chez nous, on passe de l’un à l’autre rite sans se poser de questions. » Pour Charbel, terreau familial, engagement dans la paroisse et vie à l’école ont été le terreau de sa vocation, si bien que l’idée de devenir prêtre l’a toujours habité. Mais au début, les livres de biologie l’ont emporté sur la théologie : au Liban, Charbel obtient une licence en microbiologie, avant de s’envoler pour poursuivre en master à Paris, puis en thèse à Marseille.
« Avec un cœur large et généreux »
« Cette ville mosaïque accueille chacun tel qu’il est. Je n’ai pas été dépaysé en arrivant. La diversité confessionnelle et religieuse me rappelle le Liban ». A Marseille, Charbel se sent tout de suite chez lui. En 2017, il soutient sa thèse puis se met au service de la paroisse Notre-Dame-du-Liban et du foyer d’étudiants libanais qu’elle gère. Des années dont il va profiter pour découvrir la ville et le diocèse – « Je m’amusais à faire de la liturgie comparée en allant chaque dimanche dans une église différente » – et laisser mûrir l’appel qu’il sent monter en lui. « Ici, j’ai été touché par le témoignage des prêtres, qui donnent leur vie totalement et jusqu’au bout, mais conservent une grande simplicité. » Le témoignage des chapelains, parfois très âgés, de Notre-Dame-de-la-Garde qui se relaient pour assurer l’accueil des visiteurs du sanctuaire, ou celui de l’archevêque remontant ses manches pour faire la vaisselle lors d’une semaine de l’année Saint-Cassien[1], le bouleversent.
Si la vocation sacerdotale semble se confirmer, ses modalités sont encore floues : être prêtre à Marseille ou au Liban ? dans le rite latin ou dans un rite oriental ? si c’est dans un rite oriental, se marier avant ou rester célibataire ? Petit à petit, les réponses arrivent. « Je me sens appelé à donner ma vie dans le sacerdoce pour ce peuple de Marseille. Ce n’est pas moi qui choisis. Dieu m’appelle, l’Église discerne. Moi, je n’ai qu’à dire « oui ». » Non sans difficultés : il y a quelques mois, la Bekaa, où vivent ses parents, étaient sous les bombes lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah. Sa place de fils aîné n’était-il pas d’être à leurs côtés ?
Pour tenir dans son « oui », Charbel se met à l’école de Charles de Foucauld et fait sienne sa prière : « Notre Dame qui, par ton « Oui » a changé la face du monde, prends près de Toi ceux qui veulent dire « oui » pour toujours. Tu sais le prix de ce mot, fais que nous ne reculions pas devant ce qu’il exige de nous ; apprends-nous à le dire comme Toi, dans l’humilité, la simplicité et l’abandon à la Volonté du Père. Demande à ton fils, Jésus, que nos « oui » quotidiens servent plus parfaitement la Volonté de Dieu pour notre bonheur et celui du monde entier. » Il aime aussi se répéter ces paroles de Jésus : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jean, 15, 11) : « Le plus beau mot de ce verset est le et. Le Christ ne se contente pas de nous donner sa joie mais il annonce en plus une joie parfaite. Cette surabondance, quelle grâce ! C’est elle qui me procure, malgré les combats, la paix et la joie. »
Une joie profonde, une joie parfaite, à l’école de Saint François d’Assise qui enseignait à ce sujet frère Léon : « Si tout cela, nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu’en cela est la joie parfaite. » Et si, aux côtés du Povorello – Sagesse d’un pauvre, d’Eloi Leclerc, est le livret de chevet de Charbel – et de la petite Thérèse, il fallait encore allonger la liste des saints qui accompagnent le nouveau séminariste, c’est Ignace de Loyola qui entrerait dans la danse : « Comme lui, je demande à Dieu de me donner un cœur large et généreux, pour qu’Il grandisse et que je diminue et qu’il puisse forger en moi l’apôtre dont il aura besoin. »
Amaury Guillem
À retrouver dans le numéro de septembre d’Église à Marseille
[1] Le parcours de discernement Saint-Cassien est une série de propositions du diocèse de Marseille adressées aux jeunes hommes entre 18 et 35 ans, qui n’excluent pas l’hypothèse de devenir prêtres, et qui ont le désir de prendre le moyens pour découvrir cette belle vocation. Deux « semaines Saint-Cassien », semaines résidentielles, proposent aux jeunes une vie fraternelle pendant cinq jours, avec des propositions spirituelles le matin et le soir, et des soirées de découverte de la vocation sacerdotale à Marseille, le tout en continuant le travail et les études en journée. S’ajoutent à ces deux semaines deux week-ends de retraite et quelques déjeuners fraternels pour garder le lien tout au long de l’année. Chaque jeune est libre de participer à l’ensemble des propositions du parcours, ou seulement à l’une ou l’autre de ces propositions. Informations : P. Thomas Meilac – thomasmeilac.meilac@gmail.com
Séminaristes : l’appel du cardinal Aveline
« En cette rentrée 2025, onze jeunes hommes (trois propédeutes et huit séminaristes) rejoignent le séminaire pour se préparer à devenir prêtre pour le diocèse de Marseille, comme Rémi que j’ai eu la joie d’ordonner en juin dernier. C’est une grande grâce pour notre Église ! Je vous invite à prier pour eux et pour tous ceux qui, dans le secret de leur cœur, entendent l’appel du Christ et désirent s’engager à sa suite dans la vie sacerdotale. C’est le sens de la prière pour les vocations que je vous ai invité à dire en paroisse tous les premiers dimanches du mois car les vocations naissent toujours sur le terreau de la prière d’un peuple.
Si votre prière porte ceux qui se destinent à être prêtres, votre don leur manifeste votre soutien. Ces séminaristes ont quitté une situation professionnelle ou des études pour répondre à l’appel du Seigneur, se mettre à son école et offrir leur vie. En cette année où nous fêtons le centième anniversaire de la canonisation du curé d’Ars, saint patron des prêtres de France, nous devons leur donner les moyens d’assurer la formation dont ils ont besoin pour, demain, accomplir leur mission à votre service.
Par avance, je vous remercie pour votre générosité ! »
Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille
La formation des séminaristes est financée par le Denier de l’Église. Or, à ce jour, la collecte du Denier 2025 est très en retard : à ce jour, le diocèse n’a collecté qu’un quart de ce dont il a besoin pour toute l’année. Votre don est essentiel : une année de formation pour les 11 séminaristes coûte au diocèse 277 000 €.
Pour faire un don pour soutenir la formation des séminaristes, cliquez ici ou envoyez un chèque à l’ordre de ADM, à ADM – Vocations, 14 place colonel Edon 13284 Marseille Cedex 07. Tous les dons donnent droit à un reçu fiscal et sont déductibles des impôts.
Publié le 04 septembre 2025 dans A la une
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