Reprendre le chemin de la vie

L’association Mère de Miséricorde assure une écoute des femmes enceintes touchées par le deuil d’un enfant non-né (fausse couche, accident, IVG ou IMG) et propose conseils et accompagnements. Florence Nissard, déléguée de l’association à Marseille, y assure une permanence de la maternité blessée.
« Lors de nos permanences d’écoute téléphonique, nous recevons des appels de femmes ou de parents en détresse face à une grossesse imprévue et qui se posent de graves questions sur la suite à donner à cette grossesse. Nous accueillons aussi des parents qui portent déjà la souffrance d’un enfant non-né, soit en raison d’une IVG, d’une IMG, d’une fausse couche ou d’un accident qui a causé la mort de l’enfant in utero.
Dans le premier cas, nous écoutons leurs questions, leurs peurs, leurs angoisses liées à cette grossesse non-désirée, face à laquelle les femmes (car ce sont souvent les femmes qui prennent contact) se sentent dans une solitude vertigineuse. Nous les écoutons et les accompagnons dans leur détresse. Nous expliquons que l’IVG ou l’IMG ne sont pas des actes médicaux anodins, que ceux-ci peuvent au contraire laisser des séquelles durables et lourdes dans leur cœur. Nous les informons de l’existence de structures accueillant les mamans enceintes et en détresse afin qu’elles se sentent moins seules. La suite ne nous appartient pas, c’est la liberté de chacune, mais nous essayons de les encourager à répondre à l’appel de la vie. Nous mettons en place une chaîne de prières et de jeûne pour les accompagner au mieux.
Dans le deuxième cas, c’est-à-dire quand la vie a déjà été interrompue, là encore, nous écoutons. Dans certains cas, nous essayons de proposer un chemin de guérison, sous la forme d’un « chemin de consolation » qui consiste à poser une plaque en mémoire de leur enfant. La semaine dernière encore, j’accompagnais une femme ayant vécu une IVG au chemin de consolation de la Sainte Baume (lire encadré). En sortant de la grotte de Marie-Madeleine, après avoir posé une plaque commémorative, elle me disait avoir l’impression d’être une autre, apaisée, libérée d’un poids qu’elle avait porté seule pendant tant d’années. Ces femmes sont souvent dans de profonds ténèbres. Certaines font état de véritables dépressions : elles ne font pas toujours le lien avec cette perte d’enfant, surtout quand les faits remontent à 10, 20 ou 30 ans ! Or, parfois, c’est directement lié, même si ce deuil non-abouti n’est pas l’unique cause de leur état. Là, cette femme avait nommé son enfant, elle savait qu’il était dans les bras de Dieu. De regarder en face ce qu’elle avait vécu, mais le regarder sous le regard même de Dieu qui aime, console et pardonne, lui avait donné une grande paix ! Elle était lumineuse. Ces actions concrètes aident mettent ces femmes et ces hommes à se mettre en marche vers un chemin intérieur.
Celles et ceux qui ont envie d’aller plus loin sur ce chemin demandent parfois à participer à une retraite intitulée Stabat. Là, ils reçoivent des enseignements pour les aider à cheminer progressivement vers la paix, sur des thèmes tels que la miséricorde, les blessures, la culpabilité, le deuil, le pardon, l’espérance, la résurrection. Souvent, les personnes qui ont fait le choix d’une IVG ou d’une IMG portent le poids de la honte ou de la culpabilité. Ces personnes regrettent d’avoir été poussées à poser cet acte dont ils n’avaient pas pleinement conscience, qu’au fond d’eux-mêmes, ils ne désiraient pas ou dont ils ne mesuraient pas les conséquences. Reconnaître sa souffrance, c’est le premier pas de la reconstruction, pour pouvoir reprendre le chemin de la vie, sûr de la Miséricorde Dieu. »
Crédit phot DR
Publié le 28 novembre 2024
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