Un appel à la mission et à la fraternité

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Alors qu’ils viennent de se marier, en 2019, Antoine et Sixtine Rose choisissent de se mettre au service de l’Église de Marseille et sont envoyés par l’archevêque dans le quartier des Aygalades, pour y assurer une présence chrétienne tout en conservant leur travail. Ils y vivent depuis bientôt cinq ans et sont également les responsables de la petite « Fraternité de couples en mission » dans le diocèse.

Cela fait six ans qu’Antoine et Sixtine se sont dit oui. Dès le début de leur mariage, ils sont tout à la joie d’accueillir leur petit garçon Félix, mais cet heureux événement sera accompagné d’un appel peu commun pour un jeune couple fraîchement marié : celui de se mettre au service du diocèse en habitant un lieu d’Église. « Pendant nos fiançailles, nous avons tous les deux eu le désir d’embarquer notre mariage dans une direction missionnaire, se souvient Antoine, nous avions été interpellés par le pape François qui nous invitait à ne pas devenir des « chrétiens de canapé ». Antoine est Marseillais, et Sixtine originaire du Var, et ensemble ils forment le souhait de faire de leur foyer « un lieu d’Église ouvert et accueillant ». S’ils vivent aujourd’hui la mission en couple, ils ont d’abord ressenti un appel qui a mûri individuellement dans leur cœur. Antoine, qui a grandi en se posant la question de devenir prêtre, explique avoir été longtemps travaillé par ces questions de foi et de mission et s’être souvent projeté dans une vie en lien avec l’Église. Sixtine, elle, est fille de diacre : les maisons ouvertes et accueillantes envers les gens de passage et les blessés de la vie, elle connaît ! Une ambiance qui a imprégné son enfance et qu’elle a eu envie « d’offrir à son tour à sa famille ».

Alors qu’ils préparent leur mariage, ils décident d’aller toquer à la porte de l’archevêque, qui les accueille et les écoute. Pendant près de six mois, ils discernent ensemble afin de voir comment cette vocation naissante de « couple missionnaire » pourrait répondre aux besoins de l’Église de Marseille. Petit à petit, les contours se font plus précis. Ils iront en mission dans le presbytère des Aygalades.

Contrairement aux idées que l’on s’en fait quand on est reste à l’imaginaire des « quartiers Nord », le coin est coquet. Après s’être garé dans une cour, on accède à un petit jardin ombragé et fleuri, loin du cliché des grandes barres d’immeubles en enfilade dans des quartiers souvent stigmatisés et marqués par la pauvreté et la violence. Ici, les catholiques sont très peu nombreux mais la porte du presbytère est ouverte à tous ceux qui le souhaitent, afin d’entretenir la convivialité qui fait l’âme de cet ancien village des Aygalades. Concrètement, la mission d’Antoine et Sixtine s’articule autour de trois axes. D’abord, la prière d’intercession à l’image des Carmes qui ont vécu et prié dans ce lieu pendant des siècles. Ensuite, le partage, dans le presbytère ou sur la place, de manière informelle, mais aussi lors des « tables ouvertes » tous les mois après la messe, pour entretenir la fraternité dans la paroisse et le quartier. Enfin, la participation à la vie du quartier, pour apporter une petite pierre à l’édifice et faire en sorte que les choses s’améliorent. Depuis deux ans, le couple a aussi la charge d’accueillir les pèlerins du nouveau chemin de pèlerinage consacré à Marie-Madeleine, qui s’étend des Saintes-Maries-de-la-Mer jusqu’à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume en passant par Marseille, où l’Apôtre des Apôtres a prêché l’Évangile. L’église des Aygalades, baptisée Notre-Dame-du-Mont-Carmel, a la particularité d’accueillir une grotte souterraine, avec une statue de Marie-Madeleine.

Pauvreté et disponibilité

La mission des Rose est vécue comme un appel à « rechercher un esprit de pauvreté et cultiver une plus grande disponibilité de cœur ». Le contact avec les gens du quartier se fait facilement, que ce soit avec des chrétiens évangéliques, des personnes qui n’ont pas la foi ou des musulmans. Antoine décrit une paroisse diverse, dans laquelle tous les états de vie, toutes les couleurs de peau, tous les âges sont représentés. Pourtant, les débuts n’ont pas été une sinécure car il a fallu s’accorder avec toutes les sensibilités et des manières de communiquer différentes. « Notre première année de mission a été difficile, raconte Sixtine. Je me rappelle avoir confié à Mgr Aveline que nous y avons laissé des plumes, ce à quoi, il m’a répondu que nous avions aussi gagné des os ! C’est très beau de se dire que malgré les épreuves, le Seigneur est avec nous, au cœur de notre mariage et que c’est Lui qui nous appelle à cette mission. Cela renforce notre sacrement de mariage ».

Mais comment articuler l’exigence de la mission avec la vie d’un jeune couple avec enfant en bas-âge ? Sixtine répond sans détour que la mission est le prolongement de la vocation au mariage à condition de mettre les choses dans l’ordre, d’abord le couple, la famille, le travail, le devoir d’Etat, et le temps qu’il reste pour la mission. « Nous ne sommes pas des super héros envoyés dans les quartiers Nord, et nous avons peu de moyens, cela nous remet à notre juste place. Nous sommes simplement là, appelés à témoigner de notre foi dans un quotidien ordinaire, ce qui nous demande de l’endurance. Il y a sans doute un rayonnement qui nous échappe, et c’est tant mieux », complète Antoine.

Une fraternité de couples

Depuis bientôt deux ans, ils sont chargés d’animer une « Fraternité de couples en mission » pour prendre soin des couples du diocèse, engagés comme eux dans des lieux d’Église. Ils se retrouvent plusieurs fois par an pour des temps de retraite, de partage et de prière. Une fraternité qui agit comme un ciment entre ces couples, qui y trouvent un espace de soutien et d’échanges ; et qui incarne aussi un nouveau visage de l’Église pour des lieux parfois délaissés, matériellement et humainement, et qui sont une aubaine pour inventer de nouvelles missions, où prêtres et couples œuvrent ensemble. Pour Sixtine, il se produit comme « une convergence entre un manque de prêtres et un réveil des laïcs. Avec les deux ensemble, cela produit cet appel particulier qui correspond à notre époque et que l’Esprit Saint a suscité ». Une famille qui habite dans un lieu d’Église suscite un rayonnement supplémentaire et complémentaire. Depuis deux ans, Antoine et Sixtine ont été rejoints par un autre couple en mission aux Aygalades, Raphaël et Cyriane Murgue, et leur petit garçon de 9 mois. Avec eux, ils rendent grâce pour la richesse de toutes ces rencontres fortuites et inattendues qui n’auraient probablement pas existé dans un autre contexte et de la disponibilité de cœur que le Seigneur a fait grandir en eux.

SL

Crédit Photo DR

De nombreux autres témoignages de couples en mission sont à retrouver dans le numéro de juin de la revue Eglise à Marseille.

 

Publié le 28 mai 2025 dans

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