Le Carême, tournant de la mort à la vie

Le Carême, ces quarante jours qui nous mènent vers Pâques, commence avec l’imposition des cendres. Quel est le sens de ce geste ?
« Souviens-toi que tu es poussière et tu reviendras à la poussière ». La formule est rude, mais elle vient de la Bible et nous met face à la réalité que nous aimons fuir. Notre cœur est habité par le désir de la vie. La mort se présente comme un scandale. Nous avons beau nous dire qu’elle est dans l’ordre des choses, mais quelque chose en nous résiste : la mort est un arrachement, une rupture imposée, un non-sens. Nous sentons que nous sommes faits pour la vie, et tout en étant des êtres de chair nous aspirons à la vie qui dure, à l’infini. L’Ecriture éclaire ce paradoxe qui nous habite : Dieu nous a destinés à la vie, c’est la chute des origines, l’inimitié avec Dieu, qui nous voue à la mort.
Il nous faut donc regarder en face ce mystère. Se souvenir que nous sommes poussière, que la mort est certaine, mais que Dieu nous appelle à la vie : grande, libre, largement donnée dans son Fils Jésus. D’où la deuxième formule qui accompagne l’imposition des cendres.
« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ». Dieu ne nous a pas abandonnés au pouvoir de la mort. Il nous ouvre un chemin de vie, mais pour le prendre il nous faut nous convertir. Il nous faut changer de direction : cesser de vivre en se prenant pour le centre du monde et donner à la parole de Dieu toute sa place. Aimer. Aimer Dieu, aimer le prochain : la conversion et la foi se déploient dans une vie évangélique. Le temps de Carême est ce tournant qui nous fait passer de la mort à la vie, de l’amour maladif de soi à l’amour de charité où Dieu, notre prochain et nous-mêmes, tous, nous trouvons notre juste place.
Les cendres annoncent le mystère pascal : elles sont signe de la mort qui mène à la vie. Ce que l’Ecriture appelle « le vieil homme » en nous doit revenir à la poussière pour que la vie du Christ, « l’homme nouveau » jaillissent. Puissions-nous devenir légers, comme ces cendres, et être portés par le souffle de Dieu jusqu’au matin de la Résurrection !
Frère Pavel Syssoev, op.
Publié le 16 février 2023 dans A la une
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